Anti-mythe

04.10.07
Par Docteur Pop
Ian Curtis Ça y est : il est sorti, je suis venu, je l’ai vu. “Control”, le biopic (comme on dit) sur Ian Curtis, est enfin sur toutes les toiles près de chez vous (enfin, près de chez moi, en tout cas). Comme un bon soufflé tant attendu mais un peu dégonflé à la sortie du four, le film m’a laissé sur ma faim. Grand fan de Joy Division devant l’éternel, je ne connaissais que très peu l’histoire du groupe et les circonstances du suicide de son leader. Quelle fut ma surprise, donc, de découvrir que le pauvre garçon se retrouve en fait au bout d’un chemin peu tortueux, marié et père de famille qui n’assume pas son sort, pas plus que son statut de rock star naissante et donc son lot d’embrouilles habituelles, notamment la rencontre de groupies entreprenantes. L’une d’entre-elles sera d’ailleurs, d’après le film, une cause du désespoir de Ian Curtis. Cette situation vaudevillesque bien classique prend ici une tournure morbide, avec l’incapacité de notre héros à surmonter ses dilemmes pour le conduire à se suspendre tel un vulgaire slip à une corde à linge. Bref, l’histoire n’est guère passionnante, même s’il ne s’agit certainement que d’une version et que d’autres auraient peut-être relaté les événements différemment. Ou peut-être Ian Curtis était-il un garçon étonnament simple, émotionnellement inapte à gérer les complexités de la vie, qui s’est lentement laissé glisser sur les pentes de la dépression pour en sortir les pieds devant à 23 ans. A chacun de juger. Heureusement, le film a des qualités : la bande son (évidemment), le noir et blanc et la mise en scène, qui se combinent dans une description perçante de l’Angleterre provinciale de la fin des années 70, et la performance de Sam Riley qui, au même titre que Val Kilmer dans le rôle de Jim Morrison, endosse à la perfection le trench coat de Ian Curtis. Une mention spéciale au personnage de Peter Hook, présenté ici comme un beauf indécrotable et mysogyne (pas une seule réplique au-dessus de la ceinture) : le vrai a du en avaler son médiator à la projection presse ! Allez donc vous faire une idée par vous-même et vous me direz. En attendant : “I’m not afraid any more / I put my eyes on the floor / and I remember / When we were young”.

Joy Division – “Atmosphere”

 

6 commentaires

    1. LRC le :

      Ca donne envie de voir le film, je m’imaginais plutôt Curtis comme ça, un homme finalement simple qui n’a pas la force de vivre. Peut-être est ce du au fait que je préfère New Order à Joy Division (sacrilège !) ne serais-ce que pour Blue Monday…

    2. Juanito le :

      Ah que de souvenirs, je me rappelle encore tout jeune acheter chez un disquaire londonien mon premier vinyl de Joy, une pochette toute grise sans rien en carton surper épais (l’album Closer non? ça doit être un collector maintenant)… Même la pochette était dans l’esprit du groupe, c’est sûr dans le genre joyeux on a connu mieux.
      Je suis d’accord musicalement New Order c’était plus abouti, moins brut d’underground

    3. Docteur Pop le :

      C’est vrai que Ian Curtis est touchant dans sa simplicité et ses dilemmes.
      En tout cas, je suis d’accord avec vous. De la chenille Joy Division est né le papillon New Order…

    4. M37 le :

      When routine bites hard and ambitions are low
      And resentment rides high but emotions won’t grow
      And we’re changing our ways, taking different roads
      Then love, love will tears us appart again

      Ma préférence à moi.

    5. LRC le :

      C’est sur que ça sonne mieux que les paroles de Bernard Sumner:

      And I still find it so hard
      To say what I need to say
      But I’m quite sure that you’ll tell me
      Just how I should feel today

      Quasiment au niveau de Florent PAgny

    6. ramatussi le :

      J’ai entendu hier soir au boulot, l’émission de Richard Lenoir sur France Inter. Il avait peur d’aller voir le film. Il a diffusé des titres de Warsaw, 2 titres de Closer et surtout un extrait de leur unique concert parisien aux bains douches à l’automne 1979. J’espère qu’il le diffuseront en entier un jour.

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