Il est, là-bas, une lointaine île coincée entre Afrique et Océan Pacifique. Elle a pour père les tambours des terres et pour mère les vagues d’une océan charriant ses influences. La Réunion ne fut pas un vain mot, ses métissages en font un de ces lieux où le mot culture trouve toute sa saveur.

Cette île n’a que la taille d’une ponctuation africaine, postillon géologique de sa géante voisine. Elle a pourtant su faire entendre sa voix avec quelques styles musicaux dont le Maloya, une sorte de blues aux lointaines origines plongeant ses racines dans les chants des esclaves venus de Madagascar ou d’Afrique de l’Est. Le genre fut longtemps prohibé du temps de la colonisation par une administration soucieuse d’enseigner « nos ancêtres les Gaulois… » et inquiète de ces airs fleurant trop l’indépendance.

La musique ira jusqu’à s’estomper de la mémoire collective, il faudra toute l’énergie et le talent de quelques artistes pour réhabiliter le Maloya dans les années 70. Il est désormais inscrit au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO.

Danyel Waro fut de ses artistes autant passionné que militant intransigeant. Son refus de porter l’uniforme lui vaudra deux années de prison en métropole. L’écriture et la poésie lui offriront cette liberté que lui ôtait son désamour des marches martiales, une vocation de chanteur était née.

Il a reçu fin octobre le Womex Artist Award 2010, la plus prestigieuse récompense remise depuis 1999 par les professionnels des musiques du monde. Un artiste à découvrir sur son album « Aou Amwin » sorti à la rentrée, une musique sans concession, enregistrée dans la case familiale, mais qui sait s’ouvrir sur l’autre, en témoigne les participations du rappeur sud-africain Tumi ou les chants corses de A Filetta.

Plus que jamais la Réunion, ponctuation océanique, a su métisser ses pluriels pour que se conjuguent les cultures musicales.

Danyel Waro « Aou Amwin » (2010, Cobalt)

“Mandela” (avec Tumi)

“L’invitu” (avec A Filetta)