La vengeance est un plat qui se mange froid, ainsi rumine Alphonse Maréchal dit “le malin” (Lino Ventura) derrière les barreaux. Une hospitalité bienveillante de l’administration pénitentiaire qu’il doit à une bande de caves, ces derniers l’ayant englué dans une galère dont il sera le seul à payer la note judiciaire. Plongé cinq années au mitard, Alphonse n’a d’autre idée que d’écraser ces cloportes, quand vient l’heure de sa libération… Bourre-pif, bastos et faucheuse seront de la valse… Rentre dans la danse toute une série d’acteurs, Charles Aznavour, Pierre Brasseur, Maurice Biraud, Jean Carmet, Daniel Ceccaldi… qui font de ce film un truculent classique du polard à la française.
“La Métamorphose des Cloportes” est un roman d’Alphonse Boudard adapté au cinéma, on en confia les dialogues au délectable Michel audiard qui suggéra le nom du réalisateur Pierre Granier-Deferre. Affaire faite, le cinéaste obtenait de la production la participation de Jimmy Smith à la partition. Un triptyque d’enfer se constituait…
Débarqué de l’avion à Paris, le jazzman s’enferme en studio et enregistre la musique en deux jours après avoir vu le film sans rien comprendre aux dialogues d’Audiard… Qu’importe le cinéaste lui demande de se caler sur le rythme des images, sur la gestuelle et les regards des acteurs.
Le temps de cette rencontre fugace entre le musicien et le cinéaste, le jazzman livre une partition soyeuse entre jazz et blues. A ma connaissance c’est l’unique BO de ce grand musicien de jazz qui fit du mythique orgue Hammond B-3 sa signature sonore.
Jimmy Smith « La Métamorphose des Cloportes » (1965, Sido Music/Emarcy)
“Mélodie pour Catherine”
“Blues Pour Alphonse”
Extrait du film, Lino Ventura incarcéré et ruminant, macérant dans sa vengeance…