Si les Chakachas ont la saveur d’une cachaça et la fièvre des maracas, les lignes de leurs partions sont de trompeuses latitudes. Au soleil redouté de la Havane, la météo serait plutôt au ciel gris de Bruxelles… Le groupe est en effet belge mais la geuze enivre tout autant que le rhum…
Le groupe se fera connaître en 1958 avec son fameux “Eso Es El Amor”, devenu un standard repris par nombre d’artiste dont Dario Moreno. Quelques hits et le groupe est oublié dans les années soixante, bien que l’un d’entre eux, Nico Gomez – je n’ai su déterminer s’il était wallon ou flamand – ait connu une carrière solo. Jusqu’à cet album Jungle Fever sorti en 1972 qui redonnera un coup de fouet à la carrière des Chakachas.
Si l’album est assez sage parcourant un répertoire latin soul, le titre éponyme “Jungle Fever” est tout autant savoureux que sulfureux, un latin funk envoûtant servi par les gémissements de la chanteuse, ne faisant aucun doute sur l’origine de sa fièvre… On ne peut y voir qu’un clin d’œil au “Je t’aime, moi non plus” de Serge Gainsbourg sorti quelques année auparavant. Le titre “Jungle Fever” sera interdit à la BBC, rien de tel pour lancer le morceau et que s’enfièvrent les dancefloor et les corps…
Chakachas connut même un véritable succès outre-atlantique et pour la tournée américaine un groupe doublure fut même créé pour la promotion parce qu’une bande de vieux musiciens belges n’étaient pas crédibles pour vous coller une telle fièvre…
Chakachas « Jungle Fever » (1972, Polydor)
“El Canyon Rojo”
“Jungle Fever”
Et en prime un clip d’époque, en dessin animé, de leur premier grand succès:”Eso Es El Amor”