Partition fantôme s’il en est, cette composition de Michel Magne mériterait le drap blanc de la profession… Roger Vadim et Michel Magne se connaissent depuis le Saint Germain des années 50, amis de Françoise Sagan et Bernard Buffet, ils étaient la nouvelle génération…

Lorsqu’en 1968 Vadim confie la BO de Barbarella à Magne, l’encre a coulé sous les partitions. Le compositeur a derrière lui quelques séries populaires (Fantomas, OSS117, Angélique) et quelques classiques du cinéma français devenu cultes : Un Singe en Hiver, Les Tontons Flingueurs, Les Barbouzes, Mélodie en Sous-sol…

Il noircira la partition d’une œuvre iconoclaste se cherchant et se perdant dans le classique, la pop, la bossa, allant même jusqu’à convier le guitariste Manitas de Plata, légende du flamenco… Mais le producteur américain, la Paramount, régnant en maître et saigneur des artistes, malheur à qui n’a pas son oreille…

Cette partition fut donc morte née, pas même enterrée de sa belle mort, simplement balayée aux oubliettes de l’oubli. Tellement oubliée qu’un incendie l’ignora… Les masters des enregistrements originaux miraculeusement sauvés, ils n’attendaient que d’être redécouvert par Stéphane Lerouge, esthète et paléo-musicologue des BO fossilisées par la poussière du temps. Son label Emarcy peut s’enorgueillir d’avoir sauvé de l’oubli de nombreuses BO françaises des années 60 et 70.

Cette composition délaissée ne manquait pourtant pas de charmes, elle n’est pas sans connaître quelques mélodies envoûtantes. “L’adieu à Barbarella” est une larme glissant sur une partition, aux orchestrations classiques répond la féerique guitare de Manitas de Plata

Michel Magne « Barbarella » (1968/2007, Sido Music)

“Barbarella’s Song”

“L’adieu A Barbarella” (avec la guitare de Manitas de Plata)

“Plainte Des Prisonniers”