Révélé par “La Théorie de l’Information”, sorte de biopic romancé de Xavier Niel, Aurélien Bellanger se distingue de ses confrères par une prise de hauteur intéressante ou il “historicise” le présent. Ses romans remettent toujours les évènements dans leur contexte large, social, politique et culturel.

“Le Grand Paris” est le récit d’un jeune et brillant urbaniste, qui va rentrer dans le premier cercle de Nicolas Sarkozy. ll va s’atteler au projet du grand Paris, qui doit faire rentrer la France dans le 21ème siècle et assurer la gloire du prince.

Si la première partie du roman dédiée à l’arrivée du protagoniste dans les cercles du pouvoir est de facture assez classique, la deuxième est une grande réflexion sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire (le titre du deuxième roman de Bellanger), sur le manque de vision des politiques mais aussi sur la difficulté de bâtir une civilisation. Banlieues, développement économique, Islam : tout y passe.

“Le grand Paris” est sans doute le roman le plus abouti de Bellanger dans sa “macro-réflexion” sur une France qui a perdu ses repères. On peut regretter la faiblesse des personnages, à l’instar de ses deux autres romans : finalement on s’intéresse assez peu a ce qu’il leur arrive. Mais on ne peut être que fasciné par cette sensation d’envol à la lecture de ces pages, un envol aux effluves par moment messianiques. Au travers de l’urbanisme, à la fois science sociale et volonté politique, Bellanger nous offre une fascinante analyse des forces sociales et telluriques qui animent la France de 2017, vieux pays qui hésite encore à choisir son avenir.

Aurélien Bellanger – “Le grand Paris” (Gallimard, 2017)