Le Pays Froid au Soleil Brulant

09.09.07
Par LRC

Retour de voyage au Maroc: 2 semaines de soleil dans la tête, Pavarotti est décédé, le PSG n’a toujours pas gagné un match.
Marrakech m’a offert ce que j’en rêvais, ce qui est bien plus que ce que l’on peut dire sur bien des gens. La ville est belle, sale, bordélique, multilingue, accueillante.

Mais il y a deux Marrakech.

La première s’appelle Guéliz, le quartier moderne et bourgeois du nord. Le long de ses immenses avenues au nom des alaouites, on y croise les mêmes enseignes qu’a Paris, Londres ou Genève. Les femmes sont peu voilées, les trottoirs sont larges, les vendeurs de rue ont été chassés par les centres commerciaux. Des jeunes filles déambulent en t-shirt de marque sous le regard faussement indifférent des vieux marocains.
Ces derniers se réunissent à la terrasse des cafés pour siroter la traditionnelle menthe à l’eau chaude, dans une ambiance un peu néo-coloniale.
On a l’impression étrange d’être à la fois dans une ville inconnue et dans un endroit familier.

La deuxième ville est un autre univers.
Celui de la Médina avec ses hauts murs pour protéger du soleil, son architecture arabo-andalouse, sa pauvreté et son énergie. Y cohabitent dans une certaine sérénité, décharges publiques en plein air et villas de luxe rénovées par des Européens, vrais vendeurs de cigarettes à l’unité et faux vendeurs de hash. Les gamins y sont rois et connaissent ses dédales comme leur poche.
On essaie en vain de déambuler sereinement dans ce labyrinthe alors que l’on frôle à chaque seconde l’accident, entre la cohue piétonne et les innombrables mobylettes qui se faufilent dans des brèches qui n’existent pas.

C’est dans la médina que l’on trouve la plus grande partie des attractions touristiques: la Kasbah, les Souks et surtout Jama-Al-Fna: une immense place au coeur du chaos, un endroit unique et haletant, en perpetuel renouvellement. On y travaille, on y bois des jus d’orange, on bouffe des bols d’escargots bouillis et des brochettes de Kefta.

Place Jama Al Fna

Cette place aux dimensions soviétiques, ou même certains marocains donnent l’impression d’être là en touristes, possède en fin d’après midi une atmosphère presque studieuse, tandis que la nuit amène les sons de la fête (un peu comme la place Tiananmen avant l’arrivée des blindés).

Après une semaine à Marrakech, Maria et moi quittons la ville pour 3 jours de rando dans le Haut-Atlas. On dit que le Maroc est un pays froid au soleil brulant. C’est ici que la chose se révèle.
Les montagnes sont magnifiques, tantôt lunaires (le commandant Koenig, de la base lunaire de “Cosmos 1999″ aurait pu facilement y passer ses vacances), tantôt martiennes avec leur sable ocre. Les vallées sont verdoyantes, sillonnées par d’antédiluviens canaux d’irrigation. Nous avons ainsi marché sur des sentiers asséchés, de villages d’altitude en gite de montagne.
Notre guide est du genre patibulaire mais presque, un peu mystérieux, grimpant comme un cabri, prononçant 4 phrases journalières avec un air entendu: un homme de la montagne.

Atlas Maroc

Le guide est accompagné de son cousin Mohammed, qui s’occupe de l’intendance et de la mule, qui elle-même est en charge de porter Mohammed.
Nous voilà donc, intrépides explorateurs des sauvages paysages berbères, suant sang et eau sous le cagnard à la poursuite jamais satisfaite de Mohammed perché sur la mule.
Après tant de majesté et de fruits au petit-déjeuner, c’est donc les yeux émerveillés, le cul serré et les jambes molles que nous sommes revenus brièvement à Marrakech, étape sanitaire nécessaire avant de mettre cap à l’ouest: Essaouira et l’océan.

Le hasard faisant bien les choses (à part en Irak), nous rencontrons lors de notre dernière soirée avant départ, Cyril, qui possède un magnifique Riad à Essaouira: La Maison des Artistes.

Il nous propose de plus de nous y accompagner en voiture le lendemain, que demander de plus ? Le trajet est une traversée de superbes paysages désertiques, ponctuée par de rares villages le long de la route dont la seule activité semble être l’artisanat et la réhydratation du touriste desséché. Le voyage est d’autant plus plaisant que Cyril me fournit ma dose hebdomadaire de pop dans la voiture, alternative salutaire après plus d’une semaine de Raï et du chant plaintif du muezzin. J’aime la musique arabe mais faut pas déconner quand même.
Après 3 heures de route et plusieurs alertes au filtre à air, nous voilà à Essaouira, refuge de Jimi Hendrix à la fin des 60′s et capitale de la sardine grillée (sans doute aucun rapport entre les deux).
Essaouira

Nous y rencontrons des personnages qui sortent de l’ordinaire: Louis, un peintre belge vivant dans le désert et qui dessine déjà de ses doigts lorsqu’il évoque la magie d’Essaouira, les djinns et les djons.
Magic Youssef, le Gérard Majax marocain, dont le sourire est le plus puissant sortilège.
Caroline et Dominique qui nous mettent à l’aise.

Juliette, agent de casting pour les stars le soir, sosie de mon amie Joëlle le jour, à qui je demande en vain même un rôle de figurant pour un téléfilm passant mardi soir sur FR3.
En toute modestie, je me verrais plutôt dans le rôle principal d’une saga de 3 heures, genre “Lord of the Rings”, avec Brad Pitt et Naomi Campbell. Une saga à gros budget avec de grands acteurs (donc sans Keanu Reeves) et des scènes épiques. On pourrai l’appeler “Le Seigneur de l’Atlas” ou si l’on dispose d’un plus petit budget: “Vas-y-prête-moi-ta-Mule”.
Il y aurait une charge de dromadaires à la fin.

Je m’égare.

Nous passerons trois trop courtes journées à flâner le long des remparts tandis que Maria s’occupe de son intoxication alimentaire.
Puis c’est le retour à Marrakech avant de rentrer à Orly, qui pourrait être un aéroport marocain d’ailleurs, le soleil en moins et les parkings en plus.

Un immense merci en tout cas à ceux qui ont peuplé notre voyage de leur gentillesse, je leur dédie donc ce morceau, de la diva marocaine Natacha Atlas.
Besslama.

Natacha Atlas – “Amulet” tiré de “Halim” (1997, Beggars Banquet)

 

Un commentaire

    1. LRC le :

      Pas de problème Catwoman. Concernant les détails d’analyse je ne sais pas ce qu’il te faudrait. Ce site est avant tout musical, j’en profite de temps en temps pour narrer mes voyages mais c’est plutot informel. Si tu veux plus de détails sur le Maroc ou autre tu peux nous envoyer un mail (voire partie contacts sur le site). A bientôt !

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