Tigran Hamasyan n’est pas un tigre de papier, fut-il d’Arménie. L’ivoire des notes de son piano s’enfonce tels des crocs voraces dans les chairs des partitions. Félin à l’affût de ses muses, il les consume sous l’ardent touché au creux d’une courbe mélodique.

Ce jeune prodige nous vient d’Arménie, on se rassure donc sur les arméniens qui n’écoutent pas seulement Charles Aznavour en boucle… Remarque désobligeante, j’en conviens, qui ne fait ni honneur à Charles ni à cette culture. Néanmoins il faut bien admettre que malgré une honorable 4° place à l’Eurovision en 2008, la musique arménienne peine à se faire connaître…

Le petit génie chantait à 3 ans du Led Zepplin ou Louis Amstrong en s’accompagnant au piano… A 13 ans il attire l’oreille des plus grands jazzmen lors de festivals et remporte par la suite toute une série de prix. Jusqu’au premier prix de piano du Thelionus Monk Institute of Jazz en 2006, sous la présidence d’Herbie Hancock, lui ouvrant les portes des universités et de la culture américaine.

Le clavier de son talent est assez large pour ne s’interdire aucune partition. Sous ses doigts, noires et blanches se métissent de jazz, folklore, rock, pop, électro… Sur son dernier album “Shadow Theater” ses compositions osent, bousculent parfois mais emportent aussi. Et brûlent ses partitions d’Arménie, capiteuses effluves sonores, envoûtantes musiques qui n’appartiennent qu’à Tigran et son univers.

Tigran « Shadow Theater » (2013, Universal Music)

“The Poet”

“Erishta”

“Lament”

Le clip du morceau The Poet.