L’Egérie New-yorkaise

30.09.15
Par Juanito
Lizzy Mercier Descloux - Press Color

Parisienne fraîchement débarquée à New-York en 1975, à même pas vingt ans, Martine-Elisabeth Mercier n’allait pas tarder à se faire un nom au sein de la scène punk et new-wave. Accompagnée de son compagnon français Michel Esteban, futur cofondateur du mythique label indépendant ZE Records, elle fréquente cette scène émergente de l’underground new-yorkais, en devenant une égérie et se liant d’amitié avec sa colocataire, une certaine Patti Smith, ou le chanteur, compositeur et bassiste Richard Hell du groupe Television.

Ces deux derniers l’aideront à sortir sous le nom de Lizzy Mercier Descloux, Desiderata, son recueil de poésies, dessins et photographies. Mais ses mauvaises fréquentations musicales finiront par déteindre sur elle, l’encre ne s’épanchera plus seulement de poésie mais de partition après l’achat d’une guitare Fender. En 1979 sort son premier album Press Color sorti sur le label ZE Records, œuvre avant-gardiste mêlant les influences proto-punk aux sons du rock, funk et d’une World Music à peine émergente.

L’album égraine compositions et reprises dans un univers entre minimalisme et expérimentations, aux reprises des titres de Mission Impossible ou Jim on The Move de Lalo Schiffrin succède l’étonnant Tumour, reprise du titre Fever, pleine d’humour noir. Plus que la finesse des compositions ou des arrangements, c’est la fièvre créatrice qui est intéressante dans cet album devenu culte avec le temps, un joyau brut témoignage d’une époque et d’une scène.

Joyau sans écrin, l’album fort mal distribué en son temps resta méconnu. L’œuvre est désormais rééditée par ZE Records et l’excellent label Light In The Attic, esthète et archéologue des trésors oubliés des catalogues. Aux huit titres originaux cette belle réédition permet de redécouvrir les morceaux de son premier EP ou des inédits comme cette relecture des œuvres de Rimbaud avec Patti Smith.

Lizzy Mercier Descloux « Press Color » (1979/2015, ZE Records – Light In The Attic Records)

“Fire”

“Mission Impossible”

“Tumour”

“Morning High” (feat. Patti Smith)

Quelques années plus tard au cours d’un long périple en Afrique sur les traces d’Arthur Rimbaud, Lizzy Mercier Descloux allait s’inspirer du morceau Kazet de Mahlathini and the Mahotella Queens pour sortir en 1984 la version française “Mais où sont passées les gazelles” qui lui vaudra un grand succès.

 

Laisser un commentaire

Commentaire