Liz et les Autres

17.12.14
Par LRC

Certes il y avait les pionnières : Grace Slick, Janis Joplin, Deborah Harry… Mais le machisme de la scène musicale, le cynisme des producteurs et parfois des consommateurs a cantonné le rock féminin dans le glamour pour teenagers, dans une allée parallèle peu fréquentée. Les filles c’était bon pour la pop et le jazz. En 1993 sort “Exile in Guyville” de Liz Phair, peut-être le meilleur album de rock féminin avec le “Horses” de Patti Smith, sans aucun doute l’un des meilleurs albums de rock tout court des années 90.

exile

Dix huits morceaux d’un minimalisme exquis, basse-batterie qui jouent à cache cache avec la voix, un guitare limpide. Liz chante sur les mecs qu’elle plaque après un nuit d’amour (“Fuck and Run”), ou se fout carrément des tics masculins (“Glory”). C’est le retour de la revanche des filles, un album rare qui allie le fond et la forme, un livre intimiste et sans concession taillé pour la voix rauque et directe d’une chanteuse qui semble avoir passé la soirée à picoler avec Tom Waits

“Exile…” sera un énorme succès critique, malheureusement pas vraiment commercial, mais sera le pinnacle de la nouvelle vague d’artistes féminines qui vont émerger à la même époque : Courtney Love, Alanis Morissette, Tracy Chapman, Kristin Hersh… C’est aussi en 1996 que sera créé l’un des plus fameux festivals de rock féminin, le Lilith Fair, toujours actif, même si je n’y suis pas allé depuis mon changement de sexe.

Cependant aucune de ces artistes n’aura sorti un album aussi fascinant et influentiel que “Exile in Guyville”, un moment de grâce pour une songwriter surdouée qui chante sur le sujet préféré des hommes : le sexe et l’amour. Il était temps d’écouter enfin l’avis des musiciennes sur la question…
Paradoxalement, le disque sera un poids pour Liz Phair, toute son oeuvre sera comparée avec ce premier album, sommet éclatant qu’elle ne réussira jamais par la suite à escalader.

Liz Phair – Exile in Guyville (1993, Domino Records)

“Fuck and Run!”

“Divorce Song”

“Explain it to Me”

“Glory”

 

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