Mademoiselle est belle. De ces femmes qui vous laisseraient croire que vous êtes vous même beau. Pour autant le pisse copie du NME ferait une grave erreur de la confondre avec ses alter-égo féminins aussi siliconées qu’interchangeables. Mademoiselle n’est pas Beyoncé et elle tient à ce que ça se sache.

D’ailleurs Mademoiselle a un sens aigu du contre pied. Pour preuve, elle en fait des caisses dans le registre indi-minimaliste-plus-underground-que-moi-tu-meurs. Au point parfois de s’auto-parodier bêtement, et de se perdre dans un minimalisme exagéré. Jukebox sonne parfois comme s’il avait été enregistré dans le gymnase d’un lycée à l’occasion du bal de fin d’année. C’est sans doute volontaire, mais est-ce vraiment utile ?

Le clip de “The Greatest” est lui, délicieusement décalé, en ne proposant pourtant que le défilé curieusement touchant de sympathiques mamies jouant au bowling.

En dernier lieu “Speaking for Trees” est un film fœtus à peu prêt aussi regardable que les machins expérimentaux de Warhol. Et oui, Mademoiselle parle aux arbres et a réussi à se persuader que ça pouvait intéresser les gens.

Mademoiselle vient du Sud des États Unis. Loin de vouloir en gommer les aspérités, notamment vocales, elle le revendique. Contre-pied encore. Mademoiselle, c’est Nico avec des santiags.

Mademoiselle a une culture musicale solide et se repait dans le passé. Elle balance du nom propre jusqu’à épuisement du carnet d’adresse ( et de l’auditeur ). Et comme souvent le vieux Zimmerman, l’incontournable figure tutélaire des jeunes Turcs de cette génération caracole en haut du Panthéon. ( “Song to Bobby”, contrepoint subtil au “Song to Woody” de l’interessé ).

Mademoiselle est mue par une grâce infinie que je serai bien en peine d’exprimer ici, alors il suffira d’écouter pour s’en persuader.

Finalement Mademoiselle n’est plus tout à fait une demoiselle du haut de ses 37 ans.

Cat Power – “Hate” tiré de “The Greatest” (2006 – Matador Records)

Cat Power – “Song to Bobby” tiré de “Jukebox” (2008 – Matador Records)