Cet argentin, passé par la clarinette du conservatoire et la musicologie universitaire, est un lettré de la partition. Fuyant la dictature des militaires en 1978, il part s’installer au Brésil, exil musical qui le mènera au sein du groupe de Milton Nascimento. De retour au pays, il participe au mouvement rock contestataire, fibre révolutionnaire qu’il fait vibrer, les années 80 venues, dans une Espagne prise des soubresauts d’une movida post Franquiste.

Revenu sur ses terres natales, il s’est fait le chantre du tango «canaille», celui de la rue, loin des salons mondains. Il chante le lunfardo, l’argot local, un univers qui sied à merveille à cette voix éraillée d’avoir tant vu et vécu. Une rencontre en 2004 avec Eduardo Makaroff, un des membres de Gotan Project, lui ouvrira l’horizon d’une carrière plus internationale.

Son dernier album «Corazon & Hueso» explore des univers plus intimistes, le son de la révolte s’assagit de romantisme sur le magnifique titre éponyme. Un homme fuyant une pensée, une femme, mais toujours les angoisses le retrouveront, le laissant «cœur et os» (corazon & hueso) Subtil mélange de tristesse et d’allégresse, de gravité et de légèreté, Daniel Mélingo noircit de lettres de noblesse ses partitions avec pour seule particule quelques croches.

Melingo « Corazon & Hueso » (2011, Harmonia Mundi)

“Corazon y Hueso”

“Musa Rea”