Midnight Oil

17.10.14
Par LRC
Red Sails in the Sunset

Tout fan de musique qui se respecte a connu ce petit sentiment de trahison irrationnel lorsque son groupe culte se révèle soudain au grand public. C’est la fin du “happy few”, leur musique est soi-disant “commerciale”.

1987, Midnight Oil sort son 6ème album, “Diesel and Dust” duquel le single “Bed are burning” se propulse au sommet des charts.
Mais “The Oils” comme les appellent les “vrais” fans ont déjà une riche carrière avant de faire découvrir au monde entier que oui, il y a toujours des aborigènes en Australie et qu’ils sont des citoyens de seconde classe. Le premier album éponyme montre la première facette du groupe, un groupe punk avec un guitariste surdoué, Jim Moginie, le surpuissant batteur Rob Hirst et enfin le géant vert, le chanteur Peter Garrett, dont la ressemblance avec le psychopathe chauve du film de Wes Craven “La Colline a des Yeux” est un peu flippante.

colline

« Powderworks » (1978, Sprint)

groupe

Le son du groupe va évoluer de ses origines punk vers un son plus rock faisant la part belle au riffs vengeurs des deux guitares.

“Place without a Postcard” le 3ème opus est aussi une critique acerbe de la superficialité de la société australienne, toute entière à son hédonisme sea, surf and sun plutôt que portée vers l’introspection et admettre une réalité sociale qui dérange, comme l’exploitation ouvrière, les dégâts environnementaux ou la quasi mise en quarantaine des aborigènes.

“Written in the Heart” tiré de “Place without a Postcard” (1981, Sprint)

Déjà latente, l’esthétique des Oils va se porter de plus en plus vers le rock anglais et intégrer un songwriting et des arrangements de plus en plus sophistiqués. L’alternance guitare acoustique et électrique sauce bowie se fait plus affirmée. C’est donc naturellement à Londres que Midnight Oil vont enregistrer leur 4ème et 5ème LP, “10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1” et surtout l’ambitieux “Red Sails in the Sunset”. Le 10, 9, 8… ( “countdown” pour les habitués ) voit le virage pop-rock négocié avec brio, tandis que les positions pacifistes, anti-nucléaires et environnementalistes des Oil se font plus virulentes.

“Read about it” tiré de “10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1” (1982, Sprint/Columbia)

“Red Sails in the Sunset” est sans doute le pinnacle de la carrière musicale de Midnight Oil. Sa pochette, représentant l’opéra de Sidney pulvérisé par une bombe nucléaire annonce tout de suite la couleur.
Le groupe produit un album plus sombre, aux arrangements aboutis mais qui n’oublie pas la rage de leur débuts, canalisée par le savoir-faire des grands artisans.

“Best of Both Worlds” est pour moi l’un des plus grand single rock : enragé mais construit, une montagne électrique et protestataire aux accents cuivrés. Peter Garrett est parfait dans la vidéo en épileptique, version musclée de Ian Curtis, et puis on y aperçoit un peu de ce qui fait une autre grande force des Oils, l’intensité physique de leurs concerts.

Dans un registre moins direct, “Shipyards of New-Zealand” ou “Jimmy Sharman’s Boxers” illustrent a merveille le nouveau songwriting du groupe, une lente montée finissant en déluge de guitare que n’aurait pas renié un David Bowie.

“Shipyards of New-Zealand” tiré de “Red Sails in The Sunset” (1984, Sprint/Columbia)

“Jimmy Sharman’s Boxers” tiré de “Red Sails in The Sunset” (1984, Sprint/Columbia)

Le groupe se séparera en 2002, Peter Garrett voulant pleinement se consacrer à ses convictions en entrant en politique. Il rejoindra le labour party en 2004 et deviendra ministre de l’environnement Australien en 2006.

Quand à mes amis, aux dernières nouvelles, ils ont survécu à une exposition prolongée à Midnight Oil…

 

4 commentaires

    1. Didine le :

      Merci pour ce petit revival qui nous rajeuni ( si, si !)

    2. la+flecha le :

      Ah les souvenirs !!!! Je les ai vus à la patinoire de Rouen en 1994 (et oui, y avait encore des concerts à cette époque)…… concert mémorable !!

    3. LRC le :

      Ils ont été aussi pas mal en concert dans ma chambre avec 21 personnes dont 6 sur le canapé 2 places…

      • la+flecha le :

        Ah oui, c’est vrai aussi !! ;)

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