We are Rockers

rockers

Un des plus gros succès de Reggae Roots, “Satta Massagana” composé par les Abyssininans en 1969, a été repris par un nombre incalculable de musiciens. Ma version préférée est celle des Abyssinians eux-mêmes, utilisée pour le générique du film “Rockers”.

La scène est tournée dans les montagnes, ou se sont réfugiés beaucoup de Rastas, que le gouvernement de l’époque persécute comme des fauteurs de trouble. Percus lancinantes, harmonies vocales et longueur de cheveux d’une intensité religieuse: on est dans l’ambiance.

The Abyssinians – “Satta Massagana” tiré de “Rockers” (1980, Island)

Sorti en 78, “Rockers” est un film Jamaicain sans grand intérêt scénaristique ( un mec cherche sa moto volée ) mais fascinant à bien des égards. Tout d’abord un style cinématographique près des gens, le film était d’ailleurs un documentaire à l’origine, qui nous plonge dans le Kingston des pauvres, le monde des petits commerces, des musiciens, des flics et des voleurs.

Sorte de Ken Loach au soleil pendant la grève des scénaristes, le réalisateur s’attarde sur la musique mais sans omettre de porter un regard critique sur la situation du pays. Les flics sont aussi véreux que les gangsters tandis que le gouvernement ne fait rien.
Il faut dire qu’a l’époque la situation économique était explosive, la récession des années 70 rendant l’inégalité entre la population et une haute bourgeoisie coloniale trés riche insupportable. Le pouvoir laissa ainsi les gangs s’installer à Kingston, trop heureux que les pauvres s’égorgent entre eux.

The Maytones – “Money Worries” tiré de “Rockers”

L’intérêt majeur de cette oeuvre culte est cependant d’avoir pour invités le gratin de la scène Reggae de l’époque. La liste des “guest-star” est impressionante: Junior Marvin, Burning Spear, The Heptones, Gregory Isaacs, Lee Scratch Perry…
Il ne manque bien sur que Tonton David, malheureusement trop jeune à l’époque, pour avoir toute la fine fleur, enfin la fine herbe, du Reggae Roots 70′s.

Certaines scènes resteront des classiques, comme celle ou Burning Spear chante a capella un vibrant “Jah No Dead” sur une plage isolée par la nuit.
Une collection de perles Reggae, la plupart inédites, qui constituent une anthologie nécessaire du genre. Puis qu’il faut choisir, je n’ai jamais voulu résister à la basse sombre et à la voix déchirante de Junior Byles sur le sublime “Fade Away”. Le cri des plus démunis contre le paquet fiscal.

Un fim indispensable pour tous les amateurs de Reggae avec du sens.

Junior Byles – “Fade Away” tiré de “Rockers”

 

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