S’annonce ce 23 septembre une nuit qu’aurait aimé Moondog, une nuit de pleine lune, la nature se fait effervescente , montent sèves et humeurs, les ténèbres nocturnes se drapant d’une clarté mystique. L’heure où s’ouvrent les grimoires des contes et légendes.

Elles viennent parfois murmurer à vos oreilles cette histoire d’un viking perdu sur la 6° avenue à New-York… Avec pour seul drakkar ses instruments de bric et de broque, il naviguait pourtant bien loin l’illuminé. La verticalité du béton était son horizon plongeant le nez dans les étoiles.

Initié aux arts malins du son, ses partitions invoquaient les forces telluriques d’une terre nourricière de traditions, les Naïades aux mélodies aquatiques, Eole muse des instruments à vent et Prométhée apportant le feu du groove.

Un mysticisme que l’on retrouve sur « Invocation », morceau répétitif, progressif et hypnotique. Evocation aussi de musiques tribales, de transes psychédéliques d’une jeunesse qui inventait le communautarisme sous LSD…

Je trouve à ce morceau (dont je ne connais la date, années 60 ou 70) une étonnante modernité, une résonance que l’on retrouve parfois dans une électro minimaliste. Sans parler des sons extraits d’instruments que l’on peine à reconnaître, il y a du souffle, des sons de guimbarde, des percussions et d’autres créations improbables de Moondog.

Alors si la pleine lune venue, hurlent à la mort les chiens, ce n’est pas après quelques roms, mais le fantôme d’un viking dont ils entendent les ultra-sons-magnétiques…

Moondog « The Viking Of The Sixth Avenue » (2007, Honest Jon’s Records)

“Invocation”