Downtempo

18.10.12
Par Max Flash

Le temps s’est arrêté au bout du monde, le temps s’arrête toujours au bout du monde, il se fige dans une posture abracadabrante, une sorte de sel s’incruste partout et transforme le paysage en sinistre saumure. La vieille mine ressemble à un bout de morue séchée abandonnée au milieu de la montagne. Déjà un siècle qu’elle rumine son divorce avec les hommes, qui l’ont laissé en plan après lui avoir tout pris.

Du coup, pour se rendre intéressante, elle se donne des airs de vieux temple aztèque, plein de pierres énormes, d’autels incroyables où se déroulaient des scènes forcément sublimes dont la mémoire s’est perdue, les arbres et les murs se confondent dans une même lèpre sèche, ne restent que des restes de tout et de rien, les plantes tentent d’arrondir les angles, de décorer un minimum les bâtisses enfouies, de remettre un peu d’allure dans tout ça mais ne font qu’envenimer la situation, le temps s’est arrêté au bout du monde, la vieille mine se remplit de détritus ordinaires, les autels sont saccagés, l’écho des rires et des cris des hommes devient une bande son minimaliste, un vrai downtempo cotonneux rythmé par les cochons sauvages qui mâchouillent des glands à l’abri du maquis.

Le temps s’est arrêté pour toujours au bout du monde, poussière terminale et fragile, suffocante et blême qui blesse le cœur d’une langueur monocorde dans le vent mauvais de la mémoire oubliée, comme dit si bien Verlaine…


 

4 commentaires

    1. Juanito le :

      Magnifique Max.
      Ton oeil numérique et ta verve imagée redonnent une âme et une mémoire à ces ruines rongées de végétation, détritus et amnésie…

    2. Max Flash le :

      je rosis

    3. LRC le :

      Quelle belle série. JG Ballard en vacances en France…

    4. max flash le :

      Très joli compliment pour moi. Merci. Ballard est un de mes auteurs favoris.

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