Salauds de Pauvres !

22.11.11
Par Juanito

“Salauds de pauvres” s’écriait Gabin dans la Traversée de Paris, film tiré d’une nouvelle de Marcel Aymé. Il était temps. Le gouvernement s’est enfin décidé à lutter contre le fléau de la fraude sociale. Le pauvre c’est un peu le ténia du riche, ça lui bouffe le caviar de l’intérieur. Médecin de famille bienveillant de son corps électoral, le gouvernement maintient les niches fiscales pour faciliter le transit financier et administre un bon vermifuge pour éradiquer le parasite social…

Le pouvoir s’est donc courageusement attaqué à la fraude fiscale, pardon, sociale. Il faut reconnaître que c’est plus facile le pauvre, c’est moins mobile que les capitaux et il ne dispose pas d’avocats fiscalistes à l’honorabilité inversement proportionnelle aux honoraires.

On annonce le montant, ou plutôt le gouffre abyssal, de 20 milliards de fraudes sociales. Tout est dans le symbole et l’effet d’annonce, le discours prononcé par le président dans une CAF désigne implicitement le fautif : l’allocataire, le pauvre.

Quelques constats sur ce gouffre, qui n’est qu’une estimation, s’imposent :
- Oui la fraude individuelle existe, elle est condamnable et doit être combattue, mais elle concerne très peu d’individu. On ne sait pas mesurer ce phénomène, mais une étude de l’Urssaf en 2009 avait chiffré à 2,5% le nombre de fraudeurs
- Bien plus importante est la part des entreprises, le travail au noir est le principal responsable (les pertes de charges sociales) Ce qui concernerait 10 à 12% des entreprises
- Sans compter les arnaques de type mafieuses, profitant notamment de la dématérialisation des procédures et des failles d’internet
On rappellera aussi que les fraudes fiscales restent bien plus importantes en volume que les fraudes sociales.

L’illusionniste présidentiel pointa donc ce doigt accusateur, détournant du regard ce qu’il fallait voir, le carré d’as des fraudes entrepreneuriales se nichant dans les manches. Le vrai courage eu été de tenir ce discours dans l’enceinte du MEDEF…
Quitte à être caricatural je préfère encore Les Escrocs et leur subversive bossa Assedic…

Photo de Hamed Parham

Les escrocs” (1994) “Assedic”

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2 commentaires

    1. LRC le :

      Une bien belle chronique Juanito…

    2. Lau le :

      Que dire de plus ?
      Les pauvres sont des tricheurs, des voleurs et sont largement responsables de la crise. Il faut leur faire payer.
      Ah aussi: les malades (de sales profiteurs forgeurs de trous dans les comptes de la sécurité sociale) ceux-là aussi doivent être pointés du doigt accusateur de la “justice sociale”. Ceux là payeront de leur deniers propres, de leurs salaires (indus) avec des jours de carences supplémentaires.

      Décidément, il vaut mieux toujours être riche et bien portant que pauvre et malade…

      Jolie chronique, Juanito..
      Et aussi jolie nouvelle interface.. verte, grise et noir (et non vert-de-gris ou vert-glauque…) bravo pour ce travail.

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