Chroniques de Buenos Aires : l’Autre Pays du Football

30.10.14
Par LRC
trinite

L’Argentine est le pays le plus important du monde : lui seul possède à la fois le pape, la main de Dieu et le Messi.

Comme chantait Nougaro : “dès l’aérogarrrrrre, j’ai senti le choc…”. En effet, dès l’arrivée à l’aréoport international de Buenos Aires, on se trouve face à une portrait géant de Lionel Messi avec l’inscription suivante : “Bienvenido en Argentina, el pais del mejor football”. Ambiance, les touristes brésiliens doivent apprécier…

Si le football est une religion au Brésil, il est ici une science . C’est sans doute la que réside la différence footballistique entre ces deux géants du ballon rond : les Brésiliens aiment le beau jeu mais sont ludiques, les Argentins ont le même amour mais une approche presque intellectuelle de la chose. Le football est ici analysé, disséqué, évalué, discuté.

En ce moment, tout le monde parle de Marcelo Gallardo, le nouvel entraineur de River Plate, encensé par toute l’Argentine pour son obsession du jeu léché, technique, fait de redoublement de passes. Gallardo est un disciple de Bielsa, on lui promet au pays un grand avenir d’entraineur, dans les pas des Carlos Bianchi ou José Pékerman.

L’Argentine a toujours produit des numéros 10 d’exception ( Maradona, Messi, Kempes ) mais aussi une flopée d’attaquants pur-sang ( Di Steffano, Battistuta, Di Maria, Aguerro ).
Le magazine World Soccer organisa l’année dernière un sondage réservé a des journalistes et d’anciens joueurs portant sur le plus grand 11 de tous les temps et les argentins y sont les mieux représentés :

best11 Le beau jeu ici est indissociable de la “grinta”, ou rage de vaincre. Les petits Argentins sont habitués à être dur sur l’homme, à être un peu vicieux dans les combats. Le football est comme la vie dans ce pays, c’est un combat pour pouvoir s’en sortir. Le beau jeu et la dureté, l’amour et le sang sont les deux facettes paradoxales du football argentin. Un genre de Tango… On m’a d’ailleurs prévenu : si je veux garder mes jambes intactes, mieux vaut jouer avec des expatriés…

Le championnat a cette particularité étrange de comporter deux saisons distinctes dans la même année, donc deux titres : il n’y a pas de matchs retour. Les meilleurs joueurs partent en Europe mais le pays semble sortir un flot ininterrompu de jeunes talents, ce qui est moins le cas du Brésil qui batit depuis quelques années surtout des monstres physiques. Le championnat est donc ouvert, et très agréable à regarder, un peu plus porté sur l’attaque que la L1…

Buenos Aires comporte une douzaine de clubs mais aucuns ne peuvent rivaliser en popularité avec Boca Juniors et River Plate.
Le premier est le club des pauvres, bien que cette simplification soit un peu caricaturale. Le quartier de la Boca est le quartier populaire de la capitale, celui ou les immigrants, surtout italiens, se sont implantés.

A l’opposé, River Plate, est situé dans le nord de la ville, ou réside la bourgeoisie locale. Cet antagonisme social est devenu moins marqué aujourd’hui, les habitants vraiment pauvres habitant plutôt à la périphérie mais l’affrontement des deux équipes, lors du “superclassico” est un évènement incroyable. Les traditionnels “papelitos” (rouleaux de papiers) volent tout comme les chants et les noms d’oiseaux lancés aux supporters adverses (ennemis serait plus proche de la réalité). Même les quelques habitants qui ne s’intéressent pas au football commentent l’affrontement.
Le stade de Boca, appelé la “bombonera” (boite de chocolat) est une des enceintes de football les plus mythiques du monde. L’ambiance est explosive, il faut sans doute rechercher du côté de la Turquie ou d’Anfield pour trouver une telle ferveur.

Un petit extrait pour les curieux :

Aimer ou pas le football, ce n’est pas vraiment une question lorsque l’on réside en Argentine. Même ceux qui ne suivent pas ce sport (généralement des fans de Rugby ou de Basket, d’autre passions locales) on quelque chose à dire. Le football est un lien social, une manière de rencontrer les gens, de parler à des inconnus.
Ici, à l’inverse de la France, le sport est véritable culture.

 

Un commentaire

    1. Juanito le :

      “le pape, la main de Dieu et le Messi” j’adore!
      La Sainte Trinité du ballon rond…
      Le football argentin semble lui aussi faire preuve d’une ferveur quasi religieuse

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