L’Homme en Noir

16.10.08
Par Mille Pattes

Gros ringard. Vieux con. Repoussoir idéal pour élites inspirées. Johnny Cash est à peu prêt aussi branchouille que peut l’être le port de la santiag chez les épileptiques bariolés de la génération tecktonic.

Il est vrai que si on se laisse aller au cynisme on pourrait ricaner de ce type. On pourrait se foutre de ses évocations patriotiques emphatiques, de sa fierté d’être américain. ( Et puis c’est moche un drapeau ).

On pourrait se gondoler de ses logorrhées de cul béni, de cette religiosité niaise qui émane de certaines chansons. On pourrait enfin être pliés de rire à l’écoute des tics supposés ringards de cette musique de garçon vacher.

Cash, c’est d’abord une putain de trogne. La gueule d’un père idéal, ombrageux et taiseux. Une voix profonde et grave qui témoigne d’un passé jamais dévoilé mais qui inquiète tant il semble avoir été noir.
Les pères idéaux n’existent pas, et on sait désormais que la statue du commandeur n’avait jamais vraiment tenu verticalement. Entre déboires conjugaux tapageurs et déglingue liée à l’alcool, cette allure de vieux sage ne faisait pas vraiment illusion. Cash était un grand malade, un dépressif profond.

american recordings cash    Johnny Cash American Recordings

American III

   

American IV

Octobre 2000. Le vieux a la tremblote. Il va bientôt crever. Il faut remercier ceux qui ont eu – avec lui – l’idée de l’enregistrement des deux derniers albums de cet homme malade.
L’ambiance n’est pas vraiment à la gaudriole, en témoigne ces photos noir et blanc discrètement évocatrices de sa douleur.
Les chansons sont presque toutes empruntées aux autres. Des emprunts tous azimuts d’ailleurs. On ne serai pas surpris de voir apparaître le nom d’Hank Williams ou de Neil Diamond, ni même encore de Tom Petty. On le sera davantage d’y voir aussi Nick Cave, Will Oldham ou … Nine Inch Nails.
La production est résolument acoustique. Place au bonhomme, à sa seule voix, plus belle que jamais.

Dans un monde idéal Johnny Cash n’aurait enregistré que des albums comme ça. Perso, je lui donne l’absolution.

Johnny Cash – “I see a Darkness” tiré de “American III: Solitary Man” (2000, Sony)

Johnny Cash – “One” tiré de “American III: Solitary Man” (2000, Lost Highway)

Johnny Cash – “Hurt” tiré de “American IV: The Man Comes Around” (2002, Lost Highway)

 

2 commentaires

    1. LRC le :

      A noter que le producteur des American Recordings est Rick Rubin, le premier DJ des Beastie Boys et fondateur du label de rap Def Jam. Il est devenu aujourd’hui l’un des plus important producteur de musique aux US. Après JohnnyCash, on attend avec impatience qu’il s’occupe de Karen Cheryl afin de redémarrer sa carrière.

    2. Sergi le :

      Un classique, j’aime aussi les anciens, inspiréd des gospels

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