Archéologie postmoderne

16.05.12
Par Max Flash

Si les objets ont une âme, comme l’a dit le poète, les brocantes sont de véritables dépotoirs d’émotions, vastes champs de concentration nostalgiques où la névrose fétichiste se répand dans l’infini de la collection. Pauvres petits objets abandonnés soufflés par la toute puissance de la marchandisation du monde.

L’émotion n’a plus de prix, le temps et son passage se vendent chers, très chers. Cimetières historiques, greniers fantômatiques, choses poussiéreuses et sales, quelques siècles défilent devant vos yeux, le déchet historique devient envahissant dans une civilisation sans aucune miséricorde qui exhibe ses rebuts avec tout le génie de l’art suprême : vendre. Tout et n’importe quoi, compulsivement et avec même une sorte de rapacité, une jouissance de l’ancien d’une perversité morbide.

Les brocantes me font peur, je suis intimement persuadé que les morts se réincarnent dans les objets et y attendent des siècles enfermés qu’un vivant leur accorde une bribe d’attention : imaginez vous réincarné en cendrier attendant avec impatience qu’un humain vous écrase sa cigarette sur le dos ou que passe un photographe postmoderne qui va flairer la bonne aubaine de l’objet “sympa”.

Autoportraits postmodernes


Pour en savoir plus sur les brocantes postmodernes, allez à Monaco voir la dernière exposition de l’artiste anglais Marc Quinn, l’homme qui congèle son propre sang pour en faire des sculptures polluantes et éternellement réfrigérées de sa propre tête.
http://www.marcquinn.com/
 

4 commentaires

    1. Juanito le :

      Belle série de photos sertie d’une plume caustique sur le mercantilisme de la nostalgie, j’adore!
      J’avouerai préférer aux brocantes les vides grenier et autres foire à tout. Les objets y sont certes moins beaux dans l’ensemble mais les prix ne sont pas proportionnels à la poussière accumulée… C’est même l’occasion d’une renaissance (et non une réincarnation) pour certains objets qui connaissent une seconde vie.

      Et sinon c’est toujours un peu bizarre cette 2° partie d’article ajouté au principal. On cherche le rapport entre ce “Findus Monégasque” :-) et ton excellente série de photos…

    2. max flash le :

      Le rapport tient à la notion de nostalgie. Mac Quinn pratique à l’anglaise la politique de faire sauter les ponts au fur et à mesure de l’avancée, pour interdire tout retour en arrière. La nostalgie dénoncée est à peu près identique, après on est tranquille avec sa propre nostalgie et enfin débarassé du poids de notre propre héritage. L’histoire a un poids et une importance, la distance a aussi ses avantages. Vaste débat.

    3. LRC le :

      vraiment interessant cette série de Mac Quinn, en particulier les sculptures

      • max flash le :

        En ce moment Grosse exposition de Quinn à Monaco dans le cadre du musée océanographique, un peu bizarre comme conjonction mais ça fonctionne bien avec les animaux empaillés au plafond et les sculptures en bas…

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