Rois du post-rock tendance ambient, les Islandais de Sigur Rós ont toujours été pionniers de l’expérimentation cotonneuse. Faut dire que ça caille en haut à gauche. Le chanteur et compositeur de la bande, Jónsi Birgisson, a créé un son reconnaissable entre tous : voix de falsetto et surtout la résurrection d’une technique tombée en relative désuétude depuis Led Zeppelin : jouer de la guitare électrique avec un archet.
Pour la sortie de leur dernier album chez XL Recordings, nommé “Valtari” ( expression usuelle islandaise que l’on peut traduire par “Lorsque le renne pète mieux vaut ouvrir la fenêtre” ), les Sigur Rós ont décidé de donner 10,000$ à une douzaine de réalisateurs pour choisir leur titre préféré de l’album ( certaines chansons ont donc déjà plusieurs video ) et leur ont donné une liberté totale créative pour l’illustrer.
Le groupe découvre ainsi le résultat quasi en même temps que les internautes. Bizarre, choquant, contemplatif, chiant, fascinant : les adjectifs s’entrechoquent pour décrire ces films réunis au sein d’un projet baptisé “The Valtari mystery film experiment”.
La première video, Fjögur píanó, est celle qui a généré le plus de buzz, de par la présence de l’acteur Shia LaBeouf qui étonne ceux qui ne le connaissaient que comme acteur de blockbusters hollywoodien, mais aussi par ses thèmes ( sexe, création ) traités ici d’une manière crue et superbe.
“Fjögur píanó” réalisé par Alma Har’el
La deuxième video, “Ég Anda” ( rien à voir avec le pays africain ) est plus contemplative tandis que la dernière est une animation co-créée par l’animateur Dash Shaw et le réalisateur John Cameron Mitchell qui s’est fait remarquer il y a quelques années avec l’excellent film musical “Hedwig and The Angry Inch”.“Ég Anda” réalisé par Ramin Bahrani
“Seraph” réalisé par Dash Shaw et John Cameron Mitchell
Un projet multimédia fascinant que l’on doit à l’un des groupes qui restera une référence de la musique tendance Lexomil. On en redemande ( non, non, pas des anxiolytiques ).
Intéressant leur démarche et cet appel à projet aux réalisateurs.
Et certaines créations ne sont pas sans rendre hommage à cet esprit islandais rayonnant de mystère et de neurasthénie…