Ethiopianiste

20.11.12

Par Juanito

Pianiste, valeur montante de la scène éthio-jazz, Samuel Yirga n’est pourtant arrivé que tardivement à la musique, un rêve de gamin contrarié par le réalisme des parents. Et oui même en Ethiopie un gamin qui veut devenir musicien cela inquiète des parents… C’était sans compter sur l’audition d’une célèbre école de musique classique à Addis Abeba, âgé de 16 ans Samuel Yirga finit troisième sur 2500 candidats sans jamais avoir touché un instrument auparavant…

Le virage était pris qui l’amènerait à parcourir les partitions de Chopin ou Rachmaninov, répétant, perfectionnant ses gammes à l’excès. Jugée trop « simpliste » la musique éthiopienne n’avait pas droit de cité dans cette enceinte de classique, au grand damne du musicien qui se voyait coupé de ses racines et des souvenirs de son enfance.

Vinrent les premières infidélités, sans le vouloir, comme ça, de ci de là, jouant dans un groupe, se produisant dans des bars, revisitant le catalogue éthiopien. Le divorce était consommé, l’école le pria de ne plus venir… Il était de toute façon trop tard, dans l’eden d’Addis Abeba, Samuel avait croqué le fruit de l’éthiojazz, il avait pour serpent ces notes noircissant des partitions envoûtantes et pour figure tutélaire le grand Mulatu Astatke.

Sur le chemin de l’exil il trouva pour arche Dub Colossus, le groupe lui ouvrant les portes du label Real World et d’un début de reconnaissance. Après quelques premières productions isolées, voici venu le temps du premier album solo “Guzo”, œuvre intimiste où le doigté classique du pianiste revisite un répertoire éthiopien métissé d’influences jazz, latine, reggae…

On notera la participation de Nicolette, ex chanteuse de Massive Attack et la superbe reprise de I Am The Black Gold Of The Sun, standard du groupe Rotary Connection remis au goût du jour par Nuyorican Soul. On retiendra surtout un superbe album métissé d’influences et magnifié de sons.

Samuel Yirga « Guzo » (2012, Real World)

“Firma Ena Wereket”