L’atome d’uranium est l’élément le plus lourd qu’il puisse se trouver dans la nature. En fusionner cinq donnerait donc un élément super lourd. Les Einstein en culotte courte me tomberaient dessus pour pareilles inepties, jugeant certainement qu’il y a plus de probabilités à ce que mon cerveau soit irrémédiablement irradié que de réussir ce tour de force nucléaire… A ces esprits autant taquins que chagrins je rétorquerais que depuis que l’on a cru dépasser la vitesse de la lumière, l’imagination a repris ses droits sur le cartésianisme…
C’est bien ce que tente « Superheavy » un groupe réalisant la fusion de cinq poids lourds de la musique même si certains peuvent être des électrons libres de la création musicale. Choisissez donc cinq éléments dans la table de Mendeleïev : un atome de Jagger (l’élément le plus irradié), un de Dave Stewart (séparé de son autre élément Annie Lenox au sein de la molécule Eurythmics) un de Damian « Jr Gong » Marley (fils de, versé dans le hip-hop) un de A.R. Rahman (l’Inde est une puissance nucléaire ici représentée par le compositeur de « Slumdog millionnaire ») et pour faire bonne mesure un atome de Joss Stone (la touche soul et féminine)
On pourrait craindre le pire de cette fusion, une molécule contre-nature, un élément artificiel, un uranium éventé enrichissant plus le cuir des protagonistes qu’il n’est lui-même enrichi… Ce n’est peut-être pas faux… Reste que cet album réserve quand même quelques morceaux intéressants dans le mélange des styles, exercice recherché et obligé du concept. C’est tout le problème de la physique, il faut savoir atteindre la masse critique sans la dépasser. On regretta juste qu’une telle masse de talent n’ait pas su se sublimer et atteindre son point ultime de fusion pour nous pondre un groove atomique…
Superheavy (2011, AM Records)
“Unbelievable”
“I Can t Take It No More”
Le titre pourrait s’appliquer à la production. Il y a de très gros moyens ici !
Je trouve que le 2ème extrait porte bien la patte de Dave Stewart. Avec les choeurs et le chant de Jagger, on se croirait chez les Stones dernière manière, dirigés par Stewart.