La Belle Etoile de Sundayer

06.02.12
Par RW
sundayer-water-envers

Cécile Martin (basse, chant) et Xavier Hémery (guitare, clavier, programmation, chant…) ont élaboré dans deux premiers albums autoproduits (Weariness en 2002 et McGuffin en 2006) une œuvre intimiste caractérisée par une pop cotonneuse à la manière du duo clermontois Cocoon, salée par les embruns de la Manche. Des albums automnaux, mélancoliques, marqués une subtile harmonie des voix et traversés de fulgurances instrumentales lorsque certains morceaux ont la bonne idée de s’étirer en longueur. Le lumineux Pebble Shore, ballade folk simple et charmante comme une promenade sur les plages de galets normandes, conclue par quelques notes de clavier humide et d’un lointain ronronnement de guitare, synthétise ce qui constitue la substance de Sundayer, de jolis objets pop bercés d’une lumière froide et réconfortante.

En 2007, les Sundayer font la connaissance d’Olivier Bonneau, batteur de formation officiant en solo sous le nom de Birkenhead, du nom de l’autre ville de l’estuaire de la Mersey, projet dans lequel il exprime sa passion pour le rock progressif.

Sundayer-Might

Duo à la ville devenu trio à la scène, Sundayer sort son nouvel album de la cave rouennaise où sa gestation aura duré 5 années. Toujours autoproduit avec le souci du détail (belle pochette cartonnée, livet de paroles impeccable), il s’intitule Might, comme un premier message à son auditoire. Car le mot « might » peut faire référence à plusieurs états : l’hésitation (faut-il?), l’audace (osera-t-on?). Mais c’est aussi et surtout au sens figuré qu’il faut entendre « might », signifiant littéralement la puissance, symbolisant l’énergie positive puisée par Sundayer durant toutes ces années. Chœurs acides sur Pink Red Dress, harmonies a capella dans Rosa Lee Bloom, final en bruit blanc sur A Bit Like sont autant d’exemples d’une fraîcheur salutaire et d’une volonté d’expérimenter dans un monde pop-rock souvent trop formaté. Au delà d’un sens mélodique déjà prouvé, Sundayer se révèle alors diablement efficace dans la construction rock (Le Sourire Du Lac). Les influences post-rock, musique instrumentale électrique et introspective, sont assumées (I’m a bit like a Shoegazer, chante Xavier) et Rosa Lee Bloom clôt magistralement l’album avec une explosion de guitares dignes des canadiens d’Explosions In The Sky.

Osant, tour à tour et toujours avec succès, le rock désinvolte à la Pavement (Snakes & Donuts), la ballade inquiétante à la Idaho (The Truth), l’hymne rock à la Coldplay (Watery Memory) et la perle pop imparable dans le style de Yo La Tengo(So Strong), Sundayer emprunte divers chemins de traverse sans jamais perdre le fil. C’est vers cette dernière référence qu’il faut se tourner pour trouver l’influence fondamentale du duo qui compose, à la manière des touche-à-tout du rock indépendant américain, son album comme un objet à différentes facettes, mais un seul cœur. La substance de Sundayer, montrée à vif lors des deux premiers albums, devient ainsi encore plus brillante lorsqu’elle se pare de divers apparats, sagement distillés, qui font de Might un objet admirable qu’on peut explorer sans se lasser, par toutes ses faces.

Ndlr: Pour en savoir plus ou contacter Sundayer, retrouvez-les sur leur site

Sundayer «Mcguffin» (2006)

“Pebble Shore”

Sundayer «Might» (2012)

“Le Sourire du Lac”

“Watery Memory”

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2 commentaires

    1. Juanito le :

      Bienvenu à RW nouvelle plume ultramagnétique!

      Merci de nous montrer qu’à l’ombre des “cent clochers” dans l’underground des caves rouennaise, existe un faune discrète mais digne d’intérêt.

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