La Soif Du Groove

04.03.10
Par Juanito
Mancini - Touch of Evil

En 1958 le sulfureux Orson Welles réalise « Touch Of Evil », sorti en France sous le nom de « La Soif Du Mal ». On lui doit l’une des plus somptueuses embrouilles médiatiques pour avoir fait croire en 1938 à une partie de l’Amérique que leur pays était envahi par les martiens… Le génie de sa mise en scène aura transformé une simple diffusion radiophonique de « La Guerre des Mondes » en pur moment d’hystérie collective, obligeant les autorités, jusqu’à la Maison Blanche, à publier des démentis…

L’homme exhale donc un parfum de génie et de soufre. Une ambiance qui sied à cette histoire de flic véreux (joué par Orson Welles) essayant d’éliminer son collègue mexicain (Charlton Heston) qui l’a démasqué.

Pour donner une texture musicale à ce polar sous l’implacable soleil du sud, Henry Mancini nous livre une partition aux influences très latines. Welles souhaitait une BO en totale harmonie avec le film, une musique vivante s’adaptant au contexte, ambiance d’orchestre, son de radio, juke-boxe, une approche très novatrice pour l’époque. Entre mambo fiévreux et ambiance de bar, Mancini nous compose une partition qui nous enivre plus sûrement qu’une tequila frelatée d’un tripot mexicain malfamé.

Si ce n’est la soif du mal, on pourrait donc craindre un mal de crâne.
Erreur, même frelaté, Mancini ne sert que des grands millésimes !

Henri Mancini « Touch Of Evil » (1958, Challenge Records)

“Touch Of Evil”

“Borderline Montuna”

“Tana’s Theme”

 

7 commentaires

    1. Pona le :

      Moi je dis que les martiens ne sont que la partie immergée de la grande invasion.
      Rosebud en était la clef de code.
      Et Othello le grand stratéguerre.
      Mais il s’est pris les pieds dans les rideaux je crois…

    2. Juanito le :

      Othello le stratéguerre…
      C’est pas lui qui a écrit le Mambo des Golgoths?

    3. LRC le :

      Non je crois que ce morceau a été écrit par le commandant Hidargos, un soir de déprime alors qu’il essayait en vain de transformer Ségolène Royal en machine de guerre.

    4. Jane Doe le :

      Attention Mesdames et Messieurs !!! l’histoire de la panique engendrée par l’émission d’Orson Welles est du pipeau. Les Américains sont crétins mais quand même !!!
      Voici un extrait d’article parmi d’autres :
      On estime que 12 millions d’auditeurs auraient suivi le programme d’Orson Welles; 28% de ceux-ci auraient pris pour argent comptant la fable martienne, et parmi eux 70% auraient eu peur. En cette veille de Halloween, quelque 2 350 000 personnes auraient cru à l’avènement de l’Apocalypse.

      Le lendemain (de l’émission), prouvant que l’emballement médiatique ne date pas du tsunami de 2004, la presse nationale s’empare de l’affaire et la gonfle. Dans La Guerre des Mondes a-t-elle eu lieu?, Pierre Lagrange détaille les épisodes de cette histoire incroyable. Il montre comment, sur quelques mouvements de panique et une poignée d’accidents domestiques, se fonde une rumeur d’hystérie collective avec des gens qui «se mettent à tirer des coups de feu, à se jeter par les fenêtres et à se ruer en masse sur les asiles de fous», avec une femme qui s’empoisonne plutôt que de tomber entre les tentacules des Martiens, des églises envahies, des pillards déchaînés, des fausses couches en rafales, des absolutions collectives…

      Pour l’auteur de cette étude passionnante, «la panique d’Orson Welles joue à notre époque le même rôle que l’an mil a joué pendant tout le XIXe siècle et une bonne partie du XXe. Les deux histoires permettent de justifier nos croyances rationalistes dans la bêtise humaine. Au Moyen Age, les gens paniqués auraient attendu la fin du monde pour l’an mil, et, en 1938, les Américains auraient paniqué à l’idée d’être trucidés par des Martiens.»

    5. LRC le :

      Belle argumentation fort documentée… Les américains n’ont pas attendu beaucoup plus longtemps pour une bonne crise d’hystérie. J’étais à New York début 2003 juste avant la deuxième invasion de l’Irak. Toutes les téles ne parlaient que d’anthrax, de bombes dans le métro ou de vols d’ogives nucléaires. De nombreux habitants avaient mis des sacs plastiques sur leurs fenêtres pour se protéger d’une attaque bactériologique. Si cette ville, progressiste par rapport au reste du pays, était dans un tel état je n’ose imaginer le reste du pays. Ce sont les médias, FOX en tête, qui ont imposé cette hystérie afin de maintenir le pouvoir en place et accessoirement de vendre un peu plus de pub à la télé…

    6. Juanito le :

      Oui je connaissais cette réserve sur l’ampleur du phénomène. Je savais juste que l’affaire s’était limitée à un (New York) ou quelques Etats et ne ne concernait donc qu’une partie du Pays comme précisé.

      Tu cites toi même des chiffres éloquents que je ne connaissais pas, 2.350.000 hab qui croient à l’histoire, c’est plus que conséquent, on peut aisément imaginer le bronx que cela a du être cette nuit là au téléphone, dans les rues…

      C’est plus qu’un pipeau quand tu réussis un tel coup, c’est un coup de maitre! L’affaire imposera Orson Welles et son talent.

    7. Jane Doe le :

      Cela n’enlève rien évidemment au talent d’Orson Welles. Et 12 millions d’auditeurs en 1938, ça fait rêver !!
      Le “pipeau” est la légende d’énorme panique généralisée.
      D’ailleurs l’article utilise le conditionnel pour évoquer le nombre de personnes ayant cru à cette invasion…

Laisser un commentaire

Commentaire