Same Same… But Different

29.05.08
Par LRC

Ma femme et moi avons quitté l’ile de Koh Phi Phi en Thaïlande seulement 10 jours avant le tsunami. Quatre ans plus tard, alors que nous allions prendre l’avion pour Mae Hong Son, près de la frontière Birmane, tous les vols ont été annulés a cause de l’ouragan qui a dévasté la région. Je crois que la prochaine fois que je me rendrais dans ce pays, je préviendrai par avance le gouvernement ainsi que la plupart des ONG d’une future catastrophe à venir.

Nous sommes resté 3 jours à Bangkok, le temps de s’acclimater et de rencontrer ma belle-sœur Mairead et son boyfriend John, qui viennent de s’installer dans le pays pour un an comme profs d’Anglais. Nous passerons 3 journées assez tranquilles, dans une pension verdoyante appelée le Phranakorn Nornlen que je ne peux que recommander chaudement si vous séjournez dans la cité des anges.

Notre première destination après Bangkok, Chiang Mai, la capitale du nord, a été consacrée à visiter les temples de la ville et surtout les innombrables restaurants locaux. Nous avons décidé de prendre un cours de cuisine d’une journée. Le chef débonnaire et hilare passera l‘après-midi à nous expliquer les secrets du riz gluant, du Tum-Yum (soupe épicée aux fruits de mers) ou comment acheter les meilleurs œufs (les petits sont meilleurs que les gros).
Chiang Mai est sans doute la ville ou l’on mange le mieux dans un pays qui est obsédé par la bouffe. Le sujet comporte d’ailleurs un mystère puisque les Thaïs semblent passer un temps considérable à se sustenter tout en étant minces et secs comme leur vaches (qui par contre auraient bien besoin de prendre quelques kilos dans un pâturage normand).

Pour en revenir à notre itinéraire, après “La cité des Anges” et la “Rose du Nord”, nous avons pris l’avion, direction les iles du golfe de Thaïlande.
Koh Phangan est un paradis surtout réputé pour sa Full Moon Party, énorme rave sous les tropiques, sorte de Goa asiatique. Après avoir fui assez rapidement les plages du sud, nous nous sommes rendu à Haad Yao, baie tranquille qui invite à la paresse, tandis que de multiples petits bars de plage veillent à lutter contre la déshydratation du touriste baignant dans sa lotion solaire. Nous y avons fait connaissance de Pan, serveur laotien d’un troquet allongé sur le sable à une trentaine de mètres de notre bungalow. Pan est une vraie pub pour son pays d’origine, souriant, toujours intéressé par tailler la bavette avec les étrangers.

Le roi de Thaïlande est, tout comme Jacques Chirac en France, un personnage vénéré comme un dieu vivant au pays. Lui manquer de respect en public peut vous envoyer en prison. Le régime est cependant une monarchie constitutionnelle assez tranquille dans laquelle le roi a finalement assez peu de pouvoir. Celui-ci est en fait détenu par l’armée, qui laisse, un peu comme en Turquie, les gouvernements démocratiquement élus gouverner, tant qu’elle considère que ses intérêts ne sont pas en danger (respect de l’armée et de la monarchie, lutte contre les islamistes dans le sud, non alignement international). Sans doute l’un des moments le plus drôle du voyage a été cette discussion entre Pan et un jeune touriste anglais. Ce dernier, voulant parler du statut du monarque, commença sa phrase par un très prudent “Le très respecté roi de Thaïlande”. Pan l’interrompit d’un tonitruant “Don’t care, not my king!” qui déclencha l’hilarité générale.
Pan continua sur sa lancée en nous expliquant que le monarque passait souvent ses vacances au Laos. Fatigué de voir les gens se prosterner à longueur de journée ou qu’il aille dans son propre pays, il peut se lâcher au Laos et sillonner le pays en moto. Même être considéré comme un Dieu, cela peut devenir lassant…

Le troisième jours sur Phangan nous avons essuyé une rude tempête tropicale (une autre) qui coupera toute l’électricité pendant douze heures. Voulant emprunter des bougies au bungalow voisin du notre, je suis tombé sur un anglais d’une cinquantaine d’années, défoncé comme une route locale. Celui-ci était accompagné de Vladimir, russe hirsute aux yeux hallucinés, qui semble passer son temps à fumer des bangs et à déblatérer dans un anglais hésitant des discours sur la lévitation, les partouzes organisées par le centre de Yoga local et la beauté de la poésie slave.

Ce fameux Vladimir se révèlera être un chanteur d’opéra, parti en Thaïlande pour pouvoir vivre sereinement sa période pétage de plombs. L’homme ne semble jamais dormir, manger rarement et est considéré par son ami Anglais comme une sorte de génie en transit sur terre. Tous les matins nous allions donc prendre notre petit déjeuner sur la plage au son des vocalises de Vladimir, après son troisième joint matinal.

Je dois dire que j’aurais pu passer un certain temps dans ce paradis. J’avais ma guitare, un gros pavé à lire et un excellent hamac. Que demander de plus à la vie ? Sans doute une semaine ou deux de plus à Koh Phangan.

Et la musique dans tout cela ? Il faut bien avouer que la plupart du temps elle se résume à la daube dance internationale ou à l’immonde variété synthétique locale. Il est cependant un artiste qui nous poursuivra pendant tout le voyage : Jack Johnson. Musicien largement surestimé, mais pas mauvais non plus, sa musique passe aussi bien dans les ascenseurs occidentaux que sur les iles tropicales.
Il restera à coup sur la meilleure illustration sonore de ce voyage.

Jack Johnson – “Good People” tiré de “In Between Dreams” (2005, UMVD)

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