Samplons sous la pluie

01.03.12
Par Max Flash
Iphonography,easy pictures,photographie Promenade urbaine dans Strasbourg, où plutôt dans sa périphérie. Un paysage typique du péri-urbain en voie de désertification, entre les autoroutes, les canaux et les bâtiments en attente de destination finale. Sur fond d’hiver et de ciel gris, évidement, un paysage tagué de la tête aux pieds, nouvelle signalétique urbaine pour signifier l’abandon et la réléguation. Le tag est devenu au paysage ce que le tattoo est au corps, un signe des temps et de l’absence de contrôle, une forme de liberté visuelle et d’appropriation. En un mot une nouvelle esthétique. Il est d’ailleurs surprenant que ne soient pas apparus de nouveaux tatoueurs reprenant ces codes dans leur activité. Les grafeurs, parfois devenus des stars de galeries contemporaines, pourraient pratiquer là une très belle hybridation stylistique. En attendant, “rainy day, dream away”.   QUERELLE
Retour sur le reportage qui a déclenché une guerre des anciens et des modernes à propos du photojournalisme. Le reportage “A grunt’s life” sur le quotidien d’un bataillon de Marines en Afghanistan s’est trouvé au cœur d’une polémique très virulente sur le mode : est-ce du photojournalisme ? Il a été reproché au photographe Damon Winter d’avoir utilisé son Iphone et l’ap Hipstamatic pour sa série parue dans le New York Times, pourtant peu soupçonnable d’attitude révolutionnaire.
Le débat a tourné autour du reproche de l’utilisation d’une esthétique particulière, d’un style, qui altérerait la pureté du contenu (rien moins). Le style serait un écran entre la vérité des faits et leur interprétation et donc ne relèverait pas du photojournalisme, temple de la vérité toute nue et de l’effacement du preneur d’images. L’histoire a tranché en attribuant à ce reportage un Award par POYI (Picture of the year international ), une des grandes institutions américaines du photojournalisme.

Pour voir le reportage dans son contexte sur le site du nytimes
http://www.nytimes.com/2010/11/22/world/asia/22grunts.html?pagewanted=1
et la réponse du photographe sur son utilisation de l’Iphone et le pourquoi du comment http://lens.blogs.nytimes.com/2011/02/11/through-my-eye-not-hipstamatics/

 

9 commentaires

    1. Juanito le :

      Très beau titre et un regard intéressant sur le tag et les déserts urbains

    2. LRC le :

      Très belle série max Flash! La poésie et la glauquitude des no-mans-land urbains

    3. Øliv le :

      Cet article à deux sujets, c’est dommage…
      Le débat sur le photojournalisme me révèle comme un “ancien” et pourtant je suis le premier à utiliser toutes sortes d’artifices (musique, spectacle, photo) mais dans le cadre d’un reportage de guerre, l’artifice me semble vulgaire (et ça rime en plus!).
      Ce Mr Winter a certainement pris le risque “calculé” d’utiliser le logiciel Hipstamatic. Quel beau coup de projecteur pour lui! J’aimerai bien avoir l’avis de Depardon sur ce sujet…

      • max flash le :

        Voir le texte mis en lien du photographe qui dit grosso modo que l’Iphone n’empêche pas, bien au contraire, l’expression de son émotion au moment de la prise de vue. Les photojournaliste, mêmes “anciens”, avaient tous un style en fait très précis, voire par exemple la biographie de Don Mac Culin où il précise les conditions de tirage de ses négatifs. l’absence de style est un leurre et la prétendue neutralité dont se prévalent certains masque souvent une absence de recul sur la position esthétique. Le style est souvent vécu comme une prothèse.

    4. Øliv le :

      Je regrette de ne pouvoir corriger ce “à”… ;)

    5. LRC le :

      Est-on plus proche de la vérité de la guerre avec un film donc fait avec tous les artifices du cinéma comme “Full Metal Jacket” ou un reportage pour de vrai tourné pendant la guerre du Vietnam ? La réponse dépend peuit-être plus du talent du photographe ou réalisateur que de la technique employée. Enfin juste un avis personnel..

      • max flash le :

        Vraie question. Mais aujourd’hui tout peut se côtoyer sans dommages, certains faux documents sont effectivement plus vrais que les vrais.

    6. Docteur Pop le :

      Au-delà du débat ancien moderne, on se retrouve surtout face au clivage entre un certain journalisme anglo-saxon (engagé et/ou participatif, soutenu par une forte opinion, voire complètement subjectif comme pour Hunter S. Thompson) et un journalisme à la française, d’une objectivité sans borne.
      Evidemment, les temps changent : les Américains courent derrière l’audience, l’objectivité de Libé ou du Figaro ne sont plus de mise. Peut-être les Anglais résistent-ils encore, une nouvelle fois ?
      Reste que des images demeurent un témoignage réel, si leur sens n’est pas manipulé. Le reste, c’est l’œil de l’artiste et la volonté de diffuser un message.

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