L’âme en paix, c’est tout ce que l’on souhaite à ce grand musicien qui connut quelques tourments de son vivant. Hommage à Gil Scott-Heron disparu vendredi 27 mai. Poète, romancier, musicien, l’artiste fut à l’origine du « spoken word » déclamant sa poésie en chants scandés. Ce qui fit de lui un des pères du rap même si ce dernier refusait son surnom de « Godfather » du genre. Difficile de ne pas voir aussi, chez lui, un précurseur du Slam.

D’autant qu’il fut une des grandes voix de la minorité noire, son engagement contre les injustices en fera une figure tutélaire des nouvelles générations du hip-hop, ils furent d’ailleurs plus d’un à saluer sa mémoire et son œuvre.

A 21 ans, après quelques poésies et romans, il enregistrait son premier album « Small Talk at 125th and Lenox » Une œuvre faisant la part belle aux textes de Gil Scott-Heron, sur une orchestration minimaliste tout en percussion, dans un esprit rappelant celui des griots africains, avec pour seule jungle le ghetto et le béton.

On y retrouve son fameux « « The Revolution Will Not Be Televised » dénonçant l’abrutissement massif de ce média de masse et le sort des minorités (pour une traduction commentée des paroles voir le billet consacré au morceau sur le site Acrimed observatoire critique des médias). Parfois aride dans cette configuration poème et percussion, l’album contient aussi quelques morceaux soul, dont l’excellent « The Vulture »

Bien qu’il ait dénoncé le mirage des paradis artificiel avec des morceaux devenus de grands succès, « The Bottle » ou « Angel Dust », il sombrera dans les bras d’une colombienne trop blanche qui lui fera goûter l’ombre pénitentiaire au début des années 2000. Après des années d’absence en studio il y était récemment retourné avec un album sorti en 2010. Dommage le chapitre de la résurrection s’annonçait intéressant, il sera finalement celui du testament, de l’épitaphe : Ci-Gil Scott-Heron…

Gil Scott-Heron « Small Talk at 125th and Lenox » (1970, RCA)

“The Vulture”

« The Revolution Will Not Be Televised » en clip

« The Bottle » peut-être son plus grand succès, le plus connu