Tribute to Elenco

27.06.11
Par Juanito
Brazil-Bossa-Beat

Les gens ont leur chapelle, les genres ont leur label. Les rastas inhalent les productions de Studio One, la ferveur des latinos se déhanche avec Fania, les soul brothers & sisters ne voient point de salut hors de la Mowton ou Stax, l’esthète de jazz ne souffre rien de moins qu’un Blue Note ou Verve…

La Bossa Nova se devait donc d’avoir son temple, où mécréants et croyants communieraient autour d’une hostie de vinyle… Ainsi fut Elenco en 1963, dont le fondateur Aloysio de Oliveira en serait premier prélat se prélassant au soleil indolent carioca. D’abord directeur artistique à la concurrence chez Odéon ou Philips il participa activement à la genèse de la bossa nova travaillant notamment avec Antonio Carlos Jobim, Vinicius de Moraes, Joao Gilberto.

Moraes Jobim Gilberto De gauche à droite, Vinicius de Moraes, Tom Jobim et Joao Gilberto à la grande époque…

Chanteur, compositeur et acteur, Aloysio avait le bottin de la bossa pour carnet d’adresse et l’amour du beau son pour qu’il se décide à quitter l’univers des multinationales américaines. Son label serait l’écrin laissant briller les éclats de cette musique naissante. Créativité et qualité du son furent les piliers de son temple, tous vinrent enregistrer, aux premiers déjà cités, viendront s’ajouter Baden Powell, Edu Lobo, Roberto Menescal, Sylvia Telles, Quarteto Em Cy et bien d’autre…

Le succès fut là, les albums faisant honorables références pour une maison de production qui ne fonctionnait, les premières années, qu’avec trois employés et aucun budget marketing et publicitaire. Par contre la créativité se retrouvait jusque dans les pochettes avec leur ligne graphique de photos ou dessins en noir et blanc avec quelques touches rouges qui marqueront l’iconographie du label. La pochette de la compilation ci-dessus est d’ailleurs une reprise de l’album « Bossa Session » de Telles, Menescal et Alves sorti chez Elenco.

Aloysio de Oliveira ci contre

C’est un autre petit label, plus actuel, qui rend hommage à Elenco. Soul Jazz Records sort une compilation de titres des années soixante extraits du mythique catalogue brésilien. Le chapelet numérique égraine quelques perles vinyles, entre standards et pépites. Témoignage d’une époque où le Brésil conjuguait sa modernité au pluriel des arts, l’architecte Oscar Niemeyer créait les bâtiments les plus emblématiques d’une nouvelle capitale, Brasilia, et Aloysio de Oliveira construisait avec son label les fondations d’une révolution musicale qui offrirait au pays un rayonnement culturel international.

Brazil Bossa Beat ! « Bossa Nova and the Story of Elenco Records, Brazil » (2011, Soul Jazz Records)

Sergio Ricardo “A Frabrica”

Nara Leao “Maria Moita”

Quarteto Em Cy “Amoralina”

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2 commentaires

    1. ramatussi le :

      Ils font du bon boulot chez Soul Jazz. Content de voir qu’ils existent encore. Ca faisait un bout de temps que je n’avais pas entendu parler d’eux.

    2. Juanito le :

      Il est vrai que le label a pu décevoir ces derniers temps, ils continuaient de produire mais ce n’était plus l’âge d’or, notamment leur exégèse du mythique label de reggae Studio One. Leurs premières compilations étaient des must absolus puis la qualité a décliné avec le temps.
      Du coup cet album autour du label Elenco est une divine surprise
      :-)

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