Ami lecteur abandonne ici ton ami Pierrot et laisse moi te conter l’histoire de Bernard Szajner. Né en 1944 d’une famille juive, il eut pour berceau une cave grenobloise, ainsi commença la légende…

A défaut d’une bonne lumino-thérapie, ce traumatisme de la petite enfance trouva son exultation freudienne dans une carrière d’artiste plasticien, alchimiste des lumières. L’underground rock, de Magma à Gong, Pierre Henry et même The Who firent appel à son talent. Forgeron des nouvelles technologies, orfèvre des chromatiques, de son esprit et entre ses mains naîtra la harpe laser. Mythique instrument qui fera le succès de Jean-Michel Jarre.

Fut elle bien généreuse la fée qui se pencha sur son berceau, langé de partitions, son talent s’épancha de quelques compositions. Possédé des romans fleuves Dune de Franck Herbert, Bernard Szajner sortait en 1979 une BO imaginaire, cinq avant le film de David Lynch. Toto et Brian Eno signant la musique, mais c’est une autre histoire…

Un univers musical surprenant, genèse de l’électro aux sons parfois très actuels. Une œuvre culte adulée par la nouvelle génération, c’est Carl Graig lui-même qui conseilla au label InFiné de réécouter l’album du musicien. Le voilà réédité sur une prestigieuse signature électro, ce n’est que justice pour un album de1979 incroyablement novateur.

En écoutant ces magnifiques plages il m’est revenu à l’esprit le projet démentiel qu’avait Alejandro Jodorowsky d’adapter le roman Dune au cinéma. Il avait travaillé les visuels avec Moebius (les illustrations ci-contre), projetait d’engager Dali, Orson Welles et Mick Jagger pour les rôles principaux… Mais le génie incontrôlable de Jodorowsky a effrayé les producteurs et le projet ne s’est pas fait. Même s’il avait déjà quelques idées pour la BO, je n’ose imaginer ce que cela aurait pu donner avec les compositions de Szajner…

Bernard Szajner « Visions Of Dune » (1979/2014, Infiné)

“Dune”

“Harkonnen”

“Shai Hulud”

“Spice”