La Vallée Oubliée du Tropicalisme

15.02.13
Par Juanito
Marcos Valle

Né en 1943, Marcos Valle aura donc la jeunesse bercée aux sons d’une bossa nova naissante, il verra éclore cette première génération de talent qui signait la partition brésilienne de quelques noms devenus mythiques, Antonio Carlos Jobim, Joao Gilberto, Vincius de Moraes, Tom Jobim…

Le savait-il déjà, lui qui développa très jeune un don pour la musique et eu pour camarade de classe Edu Lobo ou Dory Caymmi, mais il prendrait lui aussi ce train en marche. Il fera partie de la deuxième génération de la bossa nova avec bien d’autres, sortant au début des années 60 ses premiers enregistrements, le succès sera de cette décennie, ses titres Samba de Verao (So Nice – Summer Samba) ou Os Grillos (Crickets Sing for Anamaria) lui offriront une notoriété internationale.

Marcos and Paulo Sergio Valle

Après une escapade en terre yankee, qui donnera le fabuleux album Samba 68, craignant, sans raison, d’être enrôlé de force dans une guerre du Vietnam, le voilà de retour fin 60 au Brésil malgré la dictature militaire. La météo locale est au Tropicalisme, mouvement culturel agitant de ses soubresauts autant l’ordre kaki du pouvoir que la tradition musicale. Marcos Valle, toujours accompagné de son frère Paulo Sergio Valle aux textes, n’est pas en reste et entame les seventies venus une inflexion de son œuvre s’adonnant comme d’autres aux influences des bouillonnantes scènes européennes et américaines.

Sorti en 1971, l’album Garra (ténacité) est de cette veine, il est même pour beaucoup considéré comme une des pièces maîtresses du musicien et du répertoire brésilien. Marcos Valle jouit alors d’une grande liberté artistique au sein du label Odeon Brazil, seule la censure militaire est à craindre. Tout en subtilité et finesse l’œuvre subversive des deux frères échappe aux esprits bornés et bottés des uniformes (mais faut-il seulement s’en étonner ?)

Marcos Valle Garra

Le titre Garra éponyme de l’album est de ces rares joyaux scintillants et fusionnants de musique brésilienne et pop où plane l’ombre des Beatles, tapis rouge déroulé sur le passage piéton d’un Abbey Road s’abandonnant à la caipirinha… Ce disque est de ces bijoux oubliés dont l’éclat ne saurait souffrir l’outrage du temps, chef d’œuvre à redécouvrir grâce au petit label Light In The Attic.

Marcos Valle « Garra » (1971, Odeon/ Light In The Attic Records)

“Garra”

“Que Bandeira”

“Vinte e Seis Anos de Vida Normal”

 

Laisser un commentaire

Commentaire