Ultramagnétique fête ses dix ans! Bien des notes ont coulé sous les partitions depuis la première chronique de LRC consacré à Elliot Smith. Alors pour fêter cette décade de groove pourquoi ne pas convier Lalo Schifrin, un de mes compositeurs favoris, dans une de ses oeuvres méconnues. Merci à tous, chroniqueurs, lecteurs et grooveurs!

Rock Requiem est un album à part dans l’oeuvre du compositeur Lalo Schifrin. Ce n’est pas une BO, mais un de ses rares albums solos, et un de ses meilleurs aux créations audacieuses. Dans la lignée de son album hommage à Sade et Bach (1966), ou du fabuleux There’s a Whole Lalo Schifrin Goin’On (1968).
Lorsqu’en 1971 le label Verve suggère à Lalo Schifrin d’écrire une oeuvre personnelle dans l’esprit de son album Jazz Suite on the Mass Texts sorti en 1964, les temps ont changé, le rock s’est imposé. Les premiers opéra rock connaissent le succès avec Tommy de The Who (1969).
Dans un magma de sons, la tectonique des partitions du compositeur argentin entre en éruption. Classique, jazz, gospel et rock rentrent en fusion sous la baguette du maestro. Il n’est qu’à écouter sa version de l’Agnus Dei, chant autant liturgique que lysergique, l’agneau de Dieu sous acide…
Sous-titré For the Death in the Southeast Asia War, Rock Requiem se veut aussi un hommage aux victimes de la guerre du Vietnam. Un album qui ne pouvait que rencontrer le mouvement pacifiste portée par une jeunesse s’extirpant de ce bourbier à coup de psychédélisme et de psychotropes.
Lalo Schifrin « Rock Requiem » (1971, Verve)
“Agnus Dei”
“Kyrie Eleison”
“Sanctus Benedictus”