Lallemant Première Langue

11.02.11
Par Juanito
Bastien Lallemant - Le Verger

Il est rare que ma verve s’enflamme pour le verbe français, je goûte peu la chanson française. Je connais pourtant mes classiques, que vienne une Barbara et frissonne l’échine, qu’advienne un Brel et se dresse l’épiderme… Peut-être suis-je resté trop marqué de l’excellence de ces classiques, les œuvres récentes me paraissant trop souvent, sûrement à tort, par méconnaissance, une fade nourriture spirituelle. Quand les musiques ne sont pas trop légères, pour ne pas dire insipides, ce sont les textes qui ont la légèreté de l’insignifiance.

Les textes, bien plus que la musique, ne souffrent pas la médiocrité à mon humble avis. Ainsi les œuvres étrangères, en ne m’offrant pas une compréhension immédiate, me charment bien plus quand la voix n’est qu’une musique vocale, entre mystère du sens et intelligibilité des sens…

lallemant

Mais les nourritures spiritueuses de Bastien Lallemant sont les fruits défendus de son verger. Paradis artificiels de celui se shootant de partitions et poésies. Une croche dont on ne décroche, des vers que l’on porte aux lèvres dans un éthylisme du verbe, tremblant dans une addiction au beau.

On cueille dans « Le verger » des fruits gorgés de mélodies autant que des fleurs exhalant une meilleure langue. On y hume parfois l’évanescent parfum d’une ombre éclatante, il est, dans la voix de Bastien, cet étonnant fantôme de Serge… Un je ne sais quoi, un petit couac, un petit rien, un je ne sais rien de Gainsbourg… Mais il n’est nul besoin de le draper de l’étoffe d’un autre qui l’étoufferait dans son antre, il a le talent de tisser sans reprise pour que fut, l’oreille, éprise.

Doux poison s’insinuant des tympans au cœur, dans une mort lente comme un orgasme n’en finissant pas d’agoniser. Il est des pommes que l’on croque, avec plaisir coupable, dans le verger de cet Eden.

Bastien Lallemant « Le Verger » (2009, l’Autre Distribution)

“Les Fougères”

“L’amour”

“L’empoisonneuse”

“La Plage”

 

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