Riders On The Storm

24.01.13
Par Max Flash

On raconte que des milliers de camions fantômes errent éternellement sur les routes du monde entier, parcourant les grandes étendues désertes couvertes de bitume, glissant sans bruit sur des roues que le temps lui même a oublié. Ils apparaissent aux carrefours à la faveur de la nuit ou des tempêtes, brillant parfois de mille feux et sans que jamais on ne devine un chauffeur dans leur cabine.

On raconte aussi que ce sont les âmes d’accidents monstrueux, d’immenses carambolages meurtriers aux allures de suicides collectifs et que parfois leurs sirènes hurlent dans le vent mauvais du soir, que ce sont les cris des âmes mortes condamnées à arpenter sans fin le macadam dans des habitacles poussiéreux et moisissants.
Certains racontent même avoir croisés des regards vides et tristes derrière des vitres brisées, d’autres que poussés par des forces invisibles ils se rassemblent par centaines sur des aires d’autoroutes abandonnées pour des cérémonies obscures à la lueur de phares anciens et vrombissent en choeur vers la lune montante, grillons mécaniques étincelants à la vibration sourde et mélancolique.

On peut les reconnaître à leurs décorations chatoyantes et vives qui cachent mal une usure excessive, une fatigue immémoriale et à l’obscurité de leur cabine, à leur odeur aussi, parfois pestilentielle. On raconte aussi qu’ils viennent parfois se glisser discrètement au milieu des vivants pour retrouver un peu de chaleur, se croire encore neufs et fringuants avant de retourner errer dans les périphéries urbaines, où vous pourrez les croiser entre chien et loup sur la route des marchés, chargés de victuailles rutilantes, apportant leur dernière offrande quotidienne sur les autels de la consommation postmoderne.

 

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