Récemment un événement, d’apparence anecdotique, a attiré mon attention. Un singe échappé d’un zoo à Gaza a été retrouvé sur les bancs de l’université… J’ai trouvé que ce facétieux primate ne manquait pas d’esprit !

Voilà qui remet en cause bien des certitudes sur les travaux de Darwin. Constatant que les êtres vivants ne se reproduisaient jamais à l’identique, Darwin émit l’audacieuse idée qu’avec le temps, avec infiniment de temps, génération après génération, la nature sélectionnait les formes de vie les plus adaptées à la survie. Ainsi naissait l’évolutionnisme, hérésie pour les religieux qui concevaient le monde immuable depuis la création du Tout Puissant. Idée qui vaudra bien des ennuis à Darwin, ce dernier hésita d’ailleurs des années avant de publier ses travaux… Une polémique malheureusement toujours d’actualité quand on sait le regain des créationnistes notamment aux Etats-Unis…

Mais l’audace de Darwin ne l’avait jamais amené à supposer qu’une espèce animale puisse d’elle même désirer évoluer. Et pourquoi un singe ne prendrait-il pas sa carte d’étudiant s’il lui prend l’envie de quitter son statut simiesque ? L’être humain, cousin des singes, n’a-t-il pas suivi ce même parcours ? Non pas à la fac mais sur le tas, à l’école de la vie. Finalement ce brave chimpanzé souhaitait juste suivre une formation accélérée…

Que croyez-vous qu’il arriva ? Ce primate fut remis à sa place ! En cage… Mais pour qui donc se prenait ce quadrupède aux rêves de bipède ?

Une belle et troublante histoire qui n’est pas sans me rappeler le film « La Planète des Singes » (sorti en 1968 sur une adaptation du roman de Pierre Boule) et ses suites. Pour avoir mis en servitude les singes et leur avoir appris le langage, ces derniers finiront par se révolter et dominer la planète…

Un excellent film qui m’a marqué enfant avec son début angoissant sur cette planète inconnue pour ces astronautes échoués. Le cadavre momifié de l’astronaute qui n’a pas survécu au voyage, les paysages désolés, cette chasse à l’homme dans une nature oppressante où le chasseur nous est inconnu jusqu’à l’ahurissante vérité… Le tout servi par une partition de Jerry Goldsmith qui entretient le suspens et la tension avec ces orchestrations aux sons déstructurés, étranges et novateurs.

Je recommande aussi le thème composé par Lalo Schifrin pour la série TV éponyme créée en 1974 à partir du film, la série n’étant qu’une occasion de surfer sur le succès du film. L’approche est différente, moins angoissante, la BO est très influencée des sons sixties qui transformaient le bipède le plus civilisé en primate déhanché dans le zoo des clubs branchés.

Pour en revenir à notre singe qui se voulu savant, c’est certainement en se rappelant leurs peurs primales du film « La Planète des Singes » que les gardiens du zoo de Gaza ont réintroduit notre brave chimpanzé dans son milieu carcéral. Anéantissant là même l’émergence d’une révolution post-darwinienne majeure…

Jerry Goldsmith « Planet ot the Apes » (1968)

“Planet of the Apes”

“No Escape”

Lalo Schifrin « Most Wanted 1968-1979 » (2004, Universal)

“Ape Shuffle”