Vive le Codec libre

27.11.08
Par Mille Pattes

Le nom MP3 est devenu synonyme de musique numérisée. Il est passé dans le langage courant, au point de désigner le baladeur censé les lire. “File moi ton MP3″ peut-on entendre dans la bouche de nos enfants.
Des formats pour les fichiers sonores, il y en a pléthore. Seulement, comme les formats sont faits pour être utilisés par le plus grand nombre et – en particulier – copieusement échangés, rapidement l’un deux se détache du lot. A ce petit jeu ce n’est pas forcément le meilleur qui gagne.

De sorte que :

  • Messagerie instantané = MSN (protocole propriétaire appartenant à Windows) ou alors skype ( pour les happy few ) protocole tout aussi propriétaire soit dit en passant.
  • Traitement de texte = l’immonde Word toujours de Mr Bill Gates. ( encore que OpenOffice semble tailler de sérieuses croupières dans cet infâme monopole ).
  • Système d’exploitation = Windaube$$$$$ ou plus marginalement MacOs ( dérivé du superbe freeBSD l’un des rares OS libre non basé sur un noyau linux ).
  • et enfin musique numérique = MP3 appartenant entre autres à Phillips.

Et pourtant les alternatives libres sont nombreuses …

icod

Quelles caractéristiques pour le MP3 ? S’il est possible pour un constructeur de baladeurs de décoder ce format afin de le rendre écoutable il n’en est pas moins soumis à licence, de sorte que le constructeur en question est redevable auprès d’une quirielle de sociétés de droits d’exploitations. Phillips, au passage à gagné le gros lot dans cette affaire.

Source Wikipedia :
Bien que le MP3 soit souvent perçu par l’utilisateur final comme une technologie gratuite (parce qu’il peut en effet encoder ou décoder sa musique de manière tout à fait légale pour peu que l’enregistrement original lui appartienne ou qu’il soit une copie à usage privé), cette technologie fait l’objet de brevets et d’une licence commerciale.
L’algorithme « MPEG-1 Layer 3 » décrit dans les standards fran ISO/CEI IS 11172-3 et ISO/CEI IS 13818-3 est soumis à des redevances (droits commerciaux), en France à Philips (entreprise néerlandaise), TDF (entreprise française), France Télécom (entreprise française), IRT (entreprise allemande), Fraunhofer IIS (entreprise allemande) et Thomson pour toute utilisation ou implantation physique (notamment sur les baladeurs MP3).

Il va de soi, que le prix est répercuté sur le prix des baladeurs, sans même que l’acheteur ne s’en apercoive. Ce, de la même façon que le gogo paye la peau du cul, son système d’exploitation en plus du prix son ordinateur, ce que le vendeur se garde bien de lui dire.

Loin de moi l’idée de contester le principe de la propriété intellectuelle. Mais …
Le marché c’est sympa quand c’est concurrentiel. Or dans de nombreux cas en informatique, il ne l’est plus du tout et il devient gênant que tout soit concentré dans les mains d’un seul acteur économique.

Quelle solution ?
Certains formats ne sont soumis à aucune licence d’exploitation. On dit qu’ils sont libres.

Leur code source est ouvert, et leur exploitation est gratuite. Ces formats sont nombreux et je n’en ferai pas la liste ici. Côté musique c’est le cas du format ogg Vorbis. Il serait très facile de l’exploiter et bénéfique pour tout le monde, mais quand les mauvaises habitudes sont prises, il devient difficile d’enrayer la pompe à fric. Alors on continue payer, comme des cons…

Pour une alternative crédible à iTunes.

Je me suis bien gardé de dézinguer les marchands de pommes, de peur de finir dans le goudron et les plumes, tant cette sympathique maison semble compter d’adeptes par ici. En même temps que l’ipod a rencontré le succès que l’on sait, iTunes a vampirisé nos ordinateurs ( enfin pas le mien, LRC, s’il te plait, range cette hache ! ).
Les alternatives sont nombreuses pour ordonner sa bibliothèque, avoir une passerelle conviviale avec son balladeur, gèrer ces podcasts ou encore acheter en ligne ( et pas forcément sur le itunes store ).
Je vous épargnerai exaile, amarok ( sublime ! ), Listen.
Je voulais juste présenter un projet qui se développe très vite ces derniers temps : Songbird.
songbird

Son interface est clairement pompée sur celle d’iTunes. A quelques petites nuances prêt. Il s’appuie sur VLC, en réglant au passage tous les problèmes de codecs.

Avantages :

  • Multiplateforme Linux, MacOs et Windows. (je ne crois pas qu’Apple ait fait le moindre geste en direction de Linux)
  • Fait office de navigateur internet, ce qui permet au passage de ne pas toujours acheter la musique au truc_machin_i_store, et facilite le téléchargement de n’importe quel flux audio en streaming.
  • Supporte l’ipod.
  • Gère les podcast.
J’arrête mon numéro de camelot. En vérité j’utilise d’autres outils.

Inconvénients :
  • Pas de support à ma connaissance pour les pochettes d’albums sur l’ipod.
  • La gestion des podcast est vraiment pas terrible, et j’ai mi un temps infini à trouver comment faire …

En tout cas, ça a le mérite d’exister et de se développer à des années lumières de l’état d’esprit d’Apple.

Musique en ligne

Depuis un bon moment les fichiers MP3 sur les sites de téléchargement payants étaient quasi systématiquement accompagnés d’une sorte de verrou appelé DRM dont l’objectif était de limiter techniquement le nombre de gravures et de transferts sur différents supports ( baladeurs MP3 en particuliers ).

Bilan des courses : les ventes en ligne n’ont jamais réellement décollé et le téléchargement illégal se porte comme un charme malgré les menaces réitérées de répression. En outre les fameux DRM cantonnaient la lecture des fichiers MP3 aux seuls systèmes d’exploitations ultra dominants.
En tant que Linuxien impossible pour moi de lire les fichiers.
C’est donc sans aucun remords que je construisais ma discothèque ici ou .

Il semblerait qu’on commence à réagir et à vouloir mettre fin à la logique du fichier protégé qui n’a pas eu les effets escomptés. Exemple : 7Digital propose un catalogue payant au format MP3 ( pas trop compressés ) à des prix normaux, sans cette cochonnerie de DRM. L’interface est agréable, on peut télécharger sa commande entièrement dans une seule archive. Bref c’est nickel et je me remets à payer la musique.

Comme quoi tout arrive …

Tags :
 

5 commentaires

    1. LRC le :

      C’est clair que je vais écrire une réponse a ton article Mille Pattes :-) Je ne suis que partiellement d’accord sur le fond. J’ai donc aiguisé ma hache pendant toute la nuit :-) En fait quel est le problème avec le MP3 ? Sur un Ipod a 150 euros, le prix de la licence sera de quelques cents. Je préfererai utiliser du OggVorbis car à taux d’échatillonnage identique la qualité est supérieure mais en terme financier, la licence mp3 pour un player hardware est minime. Le probleme se situe plutot au niveau des maisons de disque non ?

    2. Mille Pattes le :

      Disons que ça s’inscrit dans un cadre plus général contre tous les formats propriétaires.
      Je suis bien d’accord que le prix reste modique à l’échelle du consommateur. Le problème tient essentiellement dans le fait que tout se concentre immanquablement autour d’un unique format et que si ce format est propriétaire le possesseur du brevet se retrouve en situation de monopole, ce qui est politiquement inacceptable.

      je cite ( linuxmag ):
      “La possibilité que l’ensemble des utilisateurs puissent lire le format accrois la popularité de ce dernier. De ce fait, le besoins d’encoder naîtra de la demande des utilisateurs et c’est là que la société détentrice du brevet pour faire des bénéfices en limitant les libertés de chacun. [....] Fraunhofer ( principale détentrice du brevet )et d’autre membre du consortium MPEG n’hésite pas à affirmer que l’écriture d’un encodeur MP3 contrait obligatoirement le programmeur à enfreindre les brevets sur le format. [....] n’importe qui peut et à l’autorisation d’implémenter un décodage MP3 mais la société se réservera le privilège de choisir qui écrira les encodeurs.”

      Perso, j’encode avec un machin qui s’appelle lame. C’est d’ailleurs le seul moyen à ma disposition. Les développeurs de cette appli open source marchent sur des oeufs. Au point de spécifier ce que signifie lame : Lame Ain’t MP3 Encoder, ( wikipedia ) “il doit seulement être considéré comme une description d’un encodeur MP3 et ne viole ainsi aucun brevet sous cette forme” En même temps, ils conseillent d’obtenir une licence (en payant une redevance [3]) avant d’utiliser une version compilée de LAME dans un produit.” Si Fraunhofer se réserve le droit de choisir les encodeurs, il est potentiellement possible que je ne puisse plus encoder en MP3, donc lire sur l’ipod.
      Il est vrai que si je reste sagement dans le giron des marchands du temple : Microsoft ou Mac j’aurai la paix et la certitude que ça marchera ?
      Où est la liberté ?

      Bon…
      C’était juste pour rappeler une cause qui pourrait bien facilement passer aux oubliettes, mais qui est probablement sans commune mesure avec d’autres situations de monopole qu’il convient de dénoncer : Monsanto en est l’exemple le plus terrifiant. ( mais nous sortons du sujet ).

      Ps: Sniffff Tux s’est fait lourdé….

      un peu de lecture éventuellement si le sujet intéresse
      http://www.trends.be/fr/12-666-4140
      http://www.gnu.org/philosophy/why-f
      http://chl.be/glmf/articles.linuxma

    3. LRC le :

      Sur le principe le MP3 est bien propriétaire mais vu la popularité du firmat, et (comme tu le rappelle) le nombre d’encodeur freeware on est assez libre de son choix il me semble. Tu pourras donc encoder sur Mac, PC, Linux ou Amstrad. L’exemple de Vorbis est d’ailleurs interessant puisque même si le format est supérieur techniquement il est moins utilisé que le MP3: les utilisateurs ont donc fait le choix d’un standard. Je pense vraiment que le noeud du problème vient du fait que les maisons de disques n’ont jamais pris le virage internet. Si au lieu de rendre les choses difficiles elles avaient facilité le téléchargement légal dans un format open source comme Ogg, on peut parier que toyus les baladeurs numériques supporteraient le format. Au lieu de cela elles ont préféré jouer de la matraque et laisser la loi de la jungle s’installer.
      Dans ce contexte, le format mp3 l’a emporté et l’Itunes store est devenu le plus gros pourvoyeur de musique numérique légale. Quant aux DRM il s’agit d’une pratique suicidaire, qui, encore, provient du seul fait des majors du disque qui ont paniqué en pensant voir disparaitre leur “pactole”. On peut penser que la prochaine étape concernera les films…

    4. Juanito le :

      Un débat intéressant, vif et riche d’enseignement. Mais qui échappe parfois au primate du numérique que je suis, pensez donc j’en suis encore à acheter des cd…
      Il me parait important effectivement de dénoncer ces situations de monopole, là où on essaye de nous faire croire aux vertu du marché. Or en matière d’informatique les normes techniques sont un formidable moyen d’imposer insidieusement un monopole.
      Mais qu’importe le flacon numérique tant que l’ivresse du groove est là! Bon faudrait pas abuser sur le prix du flacon…

    5. Almerito le :

      standard ou pas, je pense aussi que seule compte l’ivresse

Laisser un commentaire

Commentaire