When You’re Strange

10.01.13
Par Max Flash

Si la nostalgie vous guette au coin de la ruelle, si le passéisme vous hante de ses doigts crochus, si la régression a planté profondément ses dents dans votre nuque fragile et que la mélancolie maniaquo-dépressive a totalement envahie votre horizon, si l’avenir vous fait peur et que le passé vous emmerde, alors il reste une solution : le filtre C-Type de Hipstamatic.
Sa sensualité légèrement perverse, ses teintes douces et émollientes, son air de faux-vieux vicelard transformeront votre présent anxiogène en passé supportable.

Très habilement, il vous conduira à une forme molle d’apitoiement sur la vacuité du présent et ruinera définitivement vos efforts maladroits pour vous inscrire dans l’air du temps. Vous deviendrez une sorte de vampire post-moderne recueillant les icônes absurdes de la dérision contemporaine dans la crypte sombre des procédés anciens de la photographie, vous ne verrez plus La Défense mais une gigantesque nécropole assoupie dans les sables du temps, la moindre supérette se transformera en temple égyptien au fond du désert et si les portraits de famille vous tentent, vous mettrez au monde une douce collection de fantômes livides mais souriants dans l’adversité.

Alors vous saurez définitivement que tout n’est qu’illusion et mascarade éternelle du vrai et du faux, que ce n’est pas la peine d’essayer de fuir, vous êtes cerné, ils sont partout, les preuves sont là, dans votre smartphone, vous êtes coincés dans une bulle spatio-temporelle infinie et, bien sûr, vous en profiterez pour faire une petite promenade au Père Lachaise où tout n’est que luxe, calme étrange et volupté, pour retrouver l’ami Jim qui ne dort jamais et continue à écumer les whisky bars en chantant à tue-tête “jamais plus”.

 

4 commentaires

    1. Juanito le :

      Très belle série de clichés.
      Beau mariage entre l’oeil du photographe et son filtre néo rétro, délicieusement fantomatique…
      Et une encre toujours en verve, fut-elle trempée d’un sépia nostalgique…

    2. BioHazardBoy le :

      Beau voyage, tant par les images que par le texte !
      Question cimetière de Paris, j’aime beaucoup celui de Montmartre, qui coupe du temps et des bruits de la ville. Au milieu des chats, des corneilles et des chênes, on peut y croiser Zola, Dalida, Carol Fredericks et son épitaphe de son ami Jean-Jacques…
      Et souvenir nostalgique d’une soirée d’hiver où l’on s’était perdu avec des amis au Père Lachaise, la nuit venue… On s’était fait raccompagner vers la sortie comme des malpropres par les gardiens. Faut dire qu’ils doivent en voir de belles…

    3. max flash le :

      Bientôt un autre cimetière avec le petit frêre du filtre C-type, lui aussi très intéressant dans le maniaco-dépressif

    4. Walter Ego le :

      des images aux teintes nostalgiques des cartes postales de l’entre deux guerres. Un choix qui aurait pu surenchérir sur son sujet, mais qui donne une juste couleur aux sentiments que l’on peut éprouver dans un cimetière.

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