Tout ou presque a déja été dit sur le recyclage, le gâchis et autres comportements de primates mais c’est toujours autre chose de le voir s’accomplir sous vos yeux. A côté du cimetière de Bagneux et à l’ombre du sympathique château d’eau de cette riante vallée urbaine existe un bel endroit digne de la science fiction la plus apocalyptique, fin du monde et disparition des humains.

Des robots y mâchent patiemment tous les jours les rebuts métalliques venus d’on ne sait où, énormes masses froissées comme du papier, cuves, moteurs, poutrelles, murs entiers, tuyaux, tout est digéré en temps réel, d’abord fractionné en plus petits morceaux, puis compressés dans un Goldorak gigantesque et enfin rangé proprement pour être déplacé encore ailleurs, sans doute pour être recuit et refondu et réintroduit dans le cycle éternel de l’éternité.

Le cliché est facile mais fascinant, surtout les jours de pluie ou de plafond bas et dégage avec passion cette splendide mélancolie industrielle à la saveur si particulière de nos banlieues délaissées. La bande son ne manque pas non plus d’une saveur minimal-tech intéressante donnée par le compresseur et les bruits atroces du métal broyé, la chute lourde des ballots de ferraille baigne dans la voix de basse des camions et l’odeur de diesel brut, bref le spectacle total dont rêvent beaucoup de scénographes postmodernes, à quelques mètres du métro Châtillon-Montrouge. Si les vitrines de Noël vous agacent, c’est gratuit et ça change tous les jours. Par exemple mardi dernier l’arrivée de petites pompes diesel en grand nombre, croquées comme des noisettes par les pinces géantes, a trouvé son public, on a frôlé les applaudissements…